Louis Goudard dit Petit Louis : Histoire d’un héros de la Résistance

Par Dominique Missika    Auteur : Dominique Missika     Éditions : Éditions Hachette Littératures 2002

Louis Goudard dit  Petit Louis qui connaîtrait sans ce passionnant livre-témoignage ce futur « héros-anonyme de la Résistance » ?. Petit Louis fait parti de ces centaines de milliers de Français, viscéralement attachés à leur République, qui refusèrent la défaite et l’occupation, la vue des uniformes « feldgrau », le coupable attentisme vichyssois de 40 et décidèrent de ne pas rester les bras-croisés. Autodidacte, quelques erreurs de jeunesse bien vite rattrapées, mobilisé en juin 40, quelques jours plus tard c’est la retraite, l’armistice et les Chantiers de jeunesse, où Louis sera plus tôt mal à l’aise. A travers le parcours de Petit Louis, retourné à la vie civile en février 41, Dominique Missika brosse un tableau saisissant du vécu quotidien de ces millions de gens de la France de ces années dramatiques. Fin 42, début 43, les Français « paniers vides et ventres creux » vont peu à peu se lasser des discours et des appels du Maréchal Pétain. Pour sa part, Petit Louis, vingt-trois ans, las « du bourrage de crâne » entre progressivement dans la résistance. Il commence à l’usine par distribuer « quelques papiers subversifs », dans les boîtes aux lettres, les entrées d’immeubles et sur les banquettes des autobus ce sont des journaux clandestins qu’il sème. Aux premiers jours de juin 43, Petit Louis, bascule définitivement dans la clandestinité et rejoint le maquis Vendémiaire, situé dans les monts du Lyonnais et soutenu efficacement par la population. Ayant donné un nouveau sens à son existence, la rude vie des maquis qui l’attends ne lui pèse pas, et se sent à l’aise parmi ces espagnols, juifs polonais, hongrois, tchèques, pour beaucoup anciens des Brigades internationales aux itinéraires hors du commun, tous amoureux de la France, qui forment le groupe Carmagnole dans ce maquis F.T.P-M.O.I.. Suivant le mot de René Char, poète et résistant, « pour cette cohorte disparate composée d’enfants trop choqués et mal aguerris,….d’ouvriers par tradition soulevés », le temps de l’action est venue. En suivant le combat de Petit Louis, qui ne cessera jamais et que rien n’arrêtera, on lis tout au long de ce récit prenant, la lutte que mène à mains nues le maquis Vendémiaire contre les mitrailleuses allemandes, ses difficultés pour s’armer et se ravitailler devant la terrible répression de la Milice et des G.M.R. Début 44, l’occupant accumule les revers, le Résistance malgré ses terribles pertes, est chaque jour plus efficace, pas un jour sans coup de main sabotages, exécutions de traîtres « miliciens assassins, fusillés demain ».Lyon, « métropole de la Résistance » est placée, par les Allemands et ses séides depuis de novembre 42 sous haute surveillance. La Gestapo de Barbie traque les maquisards souvent avec l’aide du Deuxième bureau de la Milice dirigé par un certain Paul Touvier. Devenu responsable régional des Renseignements FTP-MOI, en juin 1944, la chance va lâcher Petit Louis, trahi par l’un de ses agents, il est arrêté et emmené au siège de la Milice à Lyon. Pendant d’interminables journées il est sauvagement torturé, devant un Paul Touvier qui attends, impatient les « résultats des interrogatoires ! ». Pour venger l’exécution par des résistants de Philippe Henriot, le 28 juin 1944, les miliciens choisissent huit otages qu’ils veulent fusiller. Un seul sera épargner : Petit Louis, seul otage à ne pas être de confession juive et deviendra donc le dernier et seul témoin de la fusillade de Rillieux-la-Pape. A la Libération de Lyon, Louis Goudard en héros sort de l’ombre tandis que Paul Touvier fuyant la justice va mener pendant quarante-cinq ans une longue et misérable cavale. Dans ce livre, qu’il faut lire, Dominique Missika non seulement fait revivre l’extraordinaire parcours d’un « héros-anonyme» de la Résistance, mais surtout brosse une succession de tableaux passionnant. En particulier celui de l’action de ces maquis FTP au premier rang desquels les « bataillons de la MOI » qui furent l’une des forces parmi les plus actives de la Résistance. Retenons aussi celui des tristes personnages de la Milice et de leurs exactions, de la cavale du peu reluisant Paul Touvier, qui grâce à de nombreuses complicités ne sera arrêté que le 24 mai 1989. En avril 1994 une dernière fois le regard de Louis Goudard croisera celui de Paul Touvier qui au terme de son procès est condamné à la prison à perpétuité.