Honoré d’Estienne d’Orves – Un héros français

Par Étienne de MONTEDY   Auteur : Étienne de MONTEDY    Éditions : Editions Perrin

 

C’est un très beau récit que celui qu’Etienne de Montety a écrit pour nous raconter, nous conter la vie d’Honoré Estienne d’Orves : un héros français, un héros de légende.

Parmi tous les qualificatifs dont il fut honoré par ses compagnons ou ses ennemis, puis par son biographe, retenons celui de «chevalier ». Il en avait le panache, le courage physique, la droiture et la loyauté. L’une des premières valeurs et, sans doute, pour lui la plus haute à laquelle il était attaché, était son amour de la patrie. Etonnant le parcours de ce « gentilhomme bourgeois » né dans une famille marquée par le service des armes, en particulier dans celui de la « Royale ». Sa famille appartenait à cette droite sociale et humaniste de l’entre-deux guerres qui, avec «des équipes sociales » patronnées par quelques intellectuels, entretenait un dialogue, « recevant et donnant » aux ouvriers et aux paysans. Avant la guerre, son parcours croisera un moment celui de Saint-Exupéry et de Louise de Vilmorin dont il était le cousin.

A partir de juin 1940, refusant la défaite son chemin croisera, dans l’escadre de l’amiral Geoffroy réfugiée dans la rade d’Alexandrie, alors celui « de tous ces hommes partis de rien », les Barberot, Patou, Auboyneau, Burin des Rosiers, pour ne citer que les marins, et aussi celui de cet amiral si peu conformiste et futur fusillé que fut Jacques Trolley de Prévaux.

A Londres qu’il rejoint fin septembre 40, il assistera au début de la France Libre, aux premières rivalités entre le général de Gaulle et l’amiral Musselier, entre les « free-french » démunis de tout et les Anglais dominateurs et donneurs de leçons. Sa soif d’action l’amena à quitter les rives de la Tamise pour la France occupée et à monter l’un des premiers réseaux en France occupée : le réseau Nemrod. Débarqué sur les côtes bretonnes, c’est dans ce pays breton qu’il aimait tant, qu’il parcourt, organisant le réseau, recrutant et animant les hommes et les femmes.

A Paris où les premiers réseaux naissent, il va rencontrer quelques uns de ceux et de celles qui ont dit « non », Germaine Tillon, Max Heilbronn, Letourneau…..etc.

C’est en janvier 1941, à Nantes que « Châteauvieux » – son nom dans la clandestinité, est arrêté. Trahi par son radio, Alsacien, caractère instable et fragile, qui livrera aux Allemands l’ensemble des membres du réseau Nemrod.

Dans la prison du Cherche-midi, son courage et sa rectitude impressionneront ses bourreaux.

Dans l’attente de son exécution il se réfugiera dans la foi qu’il partage avec son épouse à qui il laissera, ainsi qu’à ses enfants, des écrits d’une profonde spiritualité.

«Délicieux et plein de courage et d’abnégation, mais trop confiant pour faire un agent secret », disait de lui Passy. C’est ce que confirme implicitement le colonel allemand de l’Abwer qui, après son arrestation lui dit : « l’espionnage exige beaucoup de duplicité, commandant, vous n’étiez pas fait pour ce sale travail. Vous êtes trop loyal : un vrai marin… ».

Pour la Résistance naissante d’octobre 1941, cette figure de légende, alliée aux premiers combats menés par les communistes, Guy Môquet et Gabriel Péri, inspirera à Aragon l’un de ses plus beaux poèmes :

« La rose et le réséda »

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas…