Ce livre collectif tente d’établir un état des lieux de l’histoire des FTP à l’échelle de trois départements (Isère, Savoie et Hautes-Alpes) appartenant à la Région 1. L’intérêt de cet ouvrage réside dans la spécificité du territoire étudié, une région rurale et montagnarde, offrant un regard différent par rapport aux études déjà réalisées sur les FTP, essentiellement centrées sur la région parisienne. Plus éloignés du centre, souffrant de liaisons difficiles avec l’appareil, agissant dans un milieu qui ne constitue pas le terrain habituel de la lutte insurrectionnelle, les FTP étudiés ici se révèlent assez différents de ceux qui s’étaient illustrés dans la guérilla urbaine. Les auteurs montrent des débuts souvent balbutiants en 1942 et un passage à l’action assez tardif, qui ne commence qu’à la fin 1943. Ils soulignent aussi que nombre de résistants engagés dans les FTP n’étaient pas communistes dans des territoires où l’on rejoignait souvent une organisation résistante davantage pour des raisons de proximité que pour des raisons idéologiques. N’occupant qu’une place très minoritaire dans ces régions alpines avant la guerre, le PCF retire les fruits de son engagement dans la Résistance, augmentant ses effectifs (15 000 militants dans l’Isère au lendemain de la Libération, soit cinq fois plus qu’en 1938) et réalisant des scores électoraux sans précédent (constitution d’une « ceinture rouge » autour de Grenoble).

                                                                           Fabrice Grenard