De la désolation à la victoire 1939 – 1945 – Contre espion à la France Libre
Par Pierre Hass Auteur : Pierre Hass Éditions : Éditions de Fallois 2006
Le livre que vient d’écrire Pierre Hass aux Editions du Fallois « De la désolation à la victoire » est passionnant à plus d’un titre. C’est d’abord le témoignage d’un jeune bourgeois français, juif non pratiquant, qui à 20 ans, la foi chevillée au corps, va des désordres de la défaite de juin 1940 terminer la guerre, au cœur de l’Allemagne vaincue, au sein des armées américaines. Ouvrage passionnant grâce à la plume alerte et pleine d’humour de l’auteur, qui trouve toujours les mots justes pour entraîner et faire découvrir aux lecteurs des événements ignorés ou rarement rapportés en donnant à son récit le piment des meilleurs romans d’aventure où les imprévus et la chance, plus d’une fois, vont façonner son parcours.
Son aventure commence le 9 juin 1940, huit jours avant l’armistice où revêtu d’un uniforme bleu horizon et bandes molletières de la Grande Guerre ! on lui confie un petit groupe de soldats, vite perdu « dans la désolation ambiante » qu’il sauve de la captivité en les conduisant jusqu’à Bordeaux. Puis il se retrouve chef adjoint d’un groupe d’hommes dans les chantiers de jeunesse dont il est finalement exclu, parce que juif. Les tristes lois de l’Etat Français viennent d’entrer en application, qui ne feront qu’aiguiser « son anti-maréchalisme viscéral »et son désir de rejoindre Londres. Après quelques débuts dans la Résistance, en juillet 1942, il franchit clandestinement les Pyrénées pour se retrouver cinq mois dans les geôles espagnoles par un hiver glacial dans une Espagne qu’il décrit « en loques et ruinée par la guerre civile ». Il arrive à Londres en mai 1943, très vite conquis par « le patriotisme de ces insulaires, leur courage, leur civisme… », dont il trace un tableau touchant de leur vie sous le Blitz. Une visite médicale contraria vite son désir d’entrer chez les parachutistes pour se retrouver dans les services du contre-espionnage du BCRA, c’est à dire dans la galaxie de Colonel Passy, de Vaudreuil et dans une moindre mesure celle de Paillole dont il trace un portrait flatteur. Dans un premier temps, c’est en tant qu’officier de liaison auprès des services de contre-espionnage des armées américaines qu’il retrouve la France le 1er août 1944 en Normandie. Puis il entre au S.C.I. – Special Counter Intelligence (SCI) – service américain très secret, dont les missions étaient, au plus près du front, de rechercher des agents ennemis pour les neutraliser et éventuellement les utiliser « en les retournant » pour tromper les armées allemandes. Il restera dans cette unité jusqu’à la fin des hostilités en Europe.
« Devenu un détenteur bien involontaire d’un grand nombre de secrets », c’est à la fois en acteur et en observateur avisé qu’il raconte la chevauchée des Alliés vue du côté américain, frappé à la fois par l’inexpérience de cette armée, du moins pendant les quelques premiers mois, du courage des jeunes G.I.’s et de leur efficacité pragmatique. C’est stupéfait qu’il s’aperçoit que l’immense majorité des agents arrêtés étaient de jeunes Français dévoyés issus de la milice de Darnand au service des Allemands et c’est « l’horreur gravée dans ma mémoire », écrit-il qu’il parle de son arrivée au camp d’extermination de Buchenwald et de sa rencontre avec Christian Pineau auquel il s’efforce d’apporter les premiers secours.
A la fin de son livre – témoignage, Pierre Hass, malgré un parcours « guerrier » atypique et exceptionnel, avoue malgré tout que c’est sa mission auprès de l’armée américaine qui fut « la plus enrichissante et stimulante expérience de sa vie », ses contacts avec nos Alliés d’outre-Atlantique lui offrant un « éclairage différent du monde » qu’il saura mettre à profit au cours de sa carrière professionnelle au service d’une grande banque internationale.