Hommes 40 Chevaux 8 La Guerre sans uniforme
Par ANDRE FOURNIER Auteur : ANDRE FOURNIER Éditions : Edition de l’Odéon
André Fournier vient de publier aux Editions de l’Odéon un livre de souvenirs, dans une première partie il y raconte la quotidienneté de sa vie dans la Résistance et dans la deuxième partie, son parcours dans l’effroyable univers concentrationnaire. Vingt ans, étudiant en médecine à Paris en mai 1940, il ne peut pas croire au malheur qui vient de s’abattre sur la capitale dans laquelle, quelques semaines plus tard les Allemands entreront. Pour le jeune carabin, seul à Paris, l’Exode de juin 40 se traduit par un voyage harassant de 13 jours, vers Toulouse, où se mélange la solidarité rencontrée avec trop souvent la pagaille des uns ajoutée à la lâcheté des autres. Exilé dans la ville rose, après quelques « bouffées de fierté » grâce à la voix venue de Londres et des amitiés retrouvées, il passe huit mois mobilisé dans les Chantiers de Jeunesse dont il ressort indigné avec une seule idée en tête : lutter contre l’apathie ambiante et rejoindre la Résistance. De retour à Paris, André Fournier rencontre Philippe Viannay et commence à diffuser Défense de la France. Avec Louis Pascano, dont la mère abrita un temps l’une des machines à imprimer ce journal, il rejoint le mouvement de Lecompte-Boinet : « Ceux de la Résistance », au sein duquel, dans l’Oise ils montent un réseau de renseignement et d’action « Libre Patrie », qui sera ensuite fédéré à Turma-Vengeance. Très vite le réseau se structure, le groupe constitué fait ses preuves et tisse peu à peu « une toile autour des troupes et des services allemands à tous les niveaux pour renseigner les Alliés ». Le 14 octobre 1943 André Fournier dénoncé est arrêté, interrogé et torturé par la Gestapo puis transféré au camp de Royallieu où le 27 janvier 1944 dans les célèbres et sordides wagons « HOMMES 40 – CHEVAUX 8 », il part pour un terrible et épuisant voyage vers l’indicible.
Commence alors, pour André Fournier, un long parcours, de seize mois, dans l’enfer de Buchenwald, de Natzweiller et de Dachau. Le quotidien de ce parcours s’appelle « le block », « le Kapo », « le Revier », les appels interminables le matin avant le jour et le soir la nuit tombée, par tous les temps, « habillé d’oripeaux minables, chaussé de claquettes aux semelles de bois ». Dans ce bagne où toutes les valeurs sont renversées, le quotidien c’est aussi l’épuisement, la faim, la soif, ……parfois la fraternité, et aussi avec le rêve de ceux qu’on a aimés et de ce qu’on aime …. « Affecté un temps comme infirmier au « Revier » où il rencontrera général Frère « émouvant de dignité », le contact avec les malades les plus infectés a raison de sa santé. Devenu médecin dans un Kommando à Neckargerach, c’est avec des moyens dérisoires et inadaptés qu’il soigne les polonais et les russes qui forment la majorité des déportés de ce camp. Le 4 septembre 1944 il franchit la grille du camp de Dachau où il y est de nouveau affecté en tant que médecin d’un « Block » et luttera contre le plus meurtrier des ennemis : le typhus. Effrayante description qu’il fait de ce camp envahi par cette épidémie dont il survit par miracle et du calvaire qu’il partagea avec les Généraux Delestraint et Frère, puis Edmond Michelet, qui furent un temps ses compagnons d’infortune.……et enfin le 28 avril 1945 les Américains libèrent le camp.
C’est un très intéressant livre – témoignage qui retrace par les précisions que l’auteur donne le vécu au quotidien d’un homme qui n’a jamais abdiqué comme Résistant et qui comme Déporté c’est toujours battu grâce… « à la petit lumière qui gît dans le corps qui s’écroule ».