Amis des Juifs – Les résistants aux étoiles
Par Cécile LEBLANC & Cédric GRUAT Auteur : Cécile LEBLANC & Cédric GRUAT Éditions : Éditions Tirésias 2005
C’est un très beau récit que viennent d’écrire, aux Editions Tirésias, deux jeunes historiens Cécile Leblanc et Cédric Gruat, celui de Français qui volontairement ont porté « l’étoile jaune » par solidarité aux Juifs à qui les Nazis et les autorités de Vichy avait imposé le port de cet insigne. Ces résistants inconnus, découverts dans les archives du Commissariat Générale aux Questions Juives au Centre de Documentation Juive Contemporaine, sont des jeunes filles et des jeunes gens étudiants, employés, fonctionnaires, tous « non-juifs » qui avaient choisi de résister à visage découvert « de façon non violente, spectaculaire, symbolique et humoristique » en ridiculisant l’occupant et ses serviteurs. C’est en juin 1942 dans le tragique contexte de l’extermination des Juifs d’Europe, la Conférence de Wannsee qui décida de la « Solution finale de la question juive » s’était déroulée en janvier 1942, que ces résistants anonymes décidèrent de « détourner l’étoile jaune ». Elle le sera de diverses manières, depuis cette jeune femme qui porte l’étoile jaune dans les rues parisiennes en compagnie de son amie juive, par ce groupe de jeunes gens qui arborent cet « insigne » de manière fantaisiste ou encore ceux qui y inscrivent « Zazou », « Swing 42 », « Auvergnat », « goï », « papou ». D’autres encore, portent sur le revers de leur veste un objet de couleur jaune en forme de rose, d’œillet ou dessinent sur l’étoile une croix, Tous ces « résistants aux étoiles » feront preuve d’une imagination-fantaisiste sans borne pour tourner en dérision les autorités nazies. Soixante ans après Cécile Leblanc et Cédric Gruat les ont, pour un grand nombre, retrouvé. Tous racontent la spontanéité de leur geste, qui fut celui d’une révolte, d’une colère contre les méthodes iniques employées par l’occupant envers la communauté juive, ce fut pour certains aussi le début de leur résistance et de leur entrée dans des mouvements ou des réseaux. Ces « amis des juifs » connaîtront les interpellations par les polices françaises ou allemandes, les séjours dans les prisons de la Gestapo et au camp de Drancy. D’autres « Résistants aux étoiles » à Bordeaux, Niort, Rouen, Nancy, Dijon auront la même compassion envers les Juifs, la même désapprobation sur les méthodes de l’occupant donnant dans ces villes, comme à Paris, « une bouffée d’air » dans tout le pays occupé.
Il faut lire se livre qui vient de recevoir le Prix « Philippe Viannay », qui récompense aussi un éditeur – les Editions Tirésias – qui est suivant cette belle expression « une sentinelle de la mémoire ».