Exposition sur les Français libres et leur chef par Robert BADINIER délégué régional Midi-Pyrénées de M.E.R.

 INTRODUCTION DE ROBERT BADINIER DELEGUE REGIONAL MIDI-PYRENEES DE MEMOIRE ET ESPOIRS DE LA RESISTANCE LE LUNDI 15 NOVEMBRE 2021 AU CONSEIL DEPARTEMENTAL DE TARN-ET-GARONNE

Monsieur le président du conseil départemental,

Monsieur Philippe Bécade, adjoint à la culture, représentant le maire de Montauban

Monsieur le directeur du service départemental de l’ONACVG,

Monsieur Bernard Valette, représentant le président de la Société des Membres de la Légion d’Honneur et le président de l’Association Nationale des Membres de l’Ordre National du Mérite de Tarn et Garonne,

Monsieur le président de Mémoire et Espoirs  de la Résistance,

Monsieur Jean-Louis Matharanl représentant la Fondation Charles de Gaulle,

Monsieur le directeur du Conservatoire,

Mesdames et messieurs les élus,

Chers amis,

     «  Je suis tombé et j’ai pleuré comme un enfant. Mon copain est mort à mes côtés sur la plage. Mon chemin était tracé…il m’avait ouvert la voie… »

Ces paroles émouvantes d’Hubert Germain qui témoigne du débarquement de Provence alors qu’il venait de retrouver le sol de son pays, la terre de France, ont une résonance toute particulière, quelques jours après son inhumation au Mont Valérien. Nous lui avions demandé il y a quelques mois son autorisation de lire le beau témoignage qu’il a publié dans le livre d’Henri Weill « Les Compagnons de la Libération, Résister à 20 ans ».

 Il a accepté aussi de nous faire l’honneur de lui dédier notre exposition sur les Français libres. Il nous a  très vite donné son accord, car il connaissait l’implication des jeunes de notre département dans le travail de mémoire. Il savait aussi que nous avions invité à la maison de la culture de Montauban Pierre Messmer, un proche, son compagnon d’armes à Bir-Hakeim, pour présider à Montauban, le 8 mai 1999, l’exposition sur les Compagnons de la Libération et rendu hommage dans notre ville, en décembre 2012, à Raoul Monclar qui avait commandé la 13ème Demi-Brigade de la Légion étrangère, une unité Compagnon de la Libération où il s’était particulièrement illustré et où s’étaient engagés de nombreux républicains espagnols.

 C’est le 24 septembre dernier, à la maison de la culture de Montauban, avec l’hommage rendu à Maurice Schumann qu’a eu lieu le coup d’envoi de notre projet de mémoire qui peut aujourd’hui se concrétiser grâce à vous monsieur le président. Mes partenaires se joignent à moi pour vous remercier chaleureusement de l’accueil que vous avez su réserver à ce projet. qui nous tenait tant à coeur.. : le service départemental de l’ONAC qui a mis à notre disposition les panneaux historiques de cette exposition, les Amitiés Internationales André Malraux, la Société des Membres de la Légion d’honneur  et l’Association Nationale des Membres de L’Ordre National du Mérite de Tarn-et-Garonne, le Conservatoire de musique de Montauban. Nous sommes conscients qu’il y va de notre patrimoine humain, historique et aussi mémoriel. C’est la raison pour laquelle la thématique de l’exposition s’articule autour de l’histoire dans sa première partie, et de la mémoire dans la seconde. Ce projet était inscrit dans le cadre de l’année mémorielle 2020 dédiée au général de Gaulle, plusieurs fois reporté en raison de l’évolution du contexte de la crise sanitaire liée au coronavirus et à ses variants et que grâce à vous,  monsieur le président, nous avons pu relancer.

Merci par conséquent de nous avoir permis à travers cette exposition de mettre ainsi en perspective l’histoire de la France libre et, en même temps, la mémoire des générations montantes médiatisée par le biais d’une revue de presse dans sa diversité départementale. Nous avons choisi ce point de vue qui associe à la fois l’histoire et la mémoire pour pouvoir montrer la dynamique qui a animé de nombreux jeunes et bénévoles de notre département qui ont oeuvré pour rappeler quel a été le sensde l’engagement de leurs aînés pour la reconquête de la liberté face à l’oppression du régime de Vichy et la barbarie nazie, et quel combat la jeunesse d’aujourd’hui peut mener pour défendre la cause de la Résistance, en tirant les leçons du passé.

En créant l’association départementale des lauréats du Concours national de la Résistance et de la Déportation, Louis Olivet, président du comité départemental, a permis d’associer la jeunesse du département pour reprendre avec les derniers résistants le flambeau de la mémoire. Nous lui en sommes très reconnaissant. Nous avons contribué avec nos différentes équipes à faire évoluer les représentations sur le travail de mémoire en prenant en compte l’exigence de la démarche éducative. Elle joue le rôle d’interface entre l’histoire et la mémoire. Elle permet au savoir d’accéder à la culture en lui donnant sa véritable identité dès lors qu’elle est humanisante, pour s’élever à la conscience de la citoyenneté universelle. Pour avoir prise sur les rancoeurs du passé, la mémoire doit prendre appui sur les faits et favoriser l’expression des affects qui permettent de construire une paix durable qui passe par la réconciliation. C’est le dialogue qui peut rendre la paix désarmante, un héroïsme du quotidien.

Trois verbes incarnent le travail de mémoire. Le premier, célébrer, consiste à réveiller les faits marquants de l’histoire plus ou moins lointaine , sans céder à la tentation de l‘instrumentalisation et à celle de l’hagiographie ; le deuxième, commémorer, c’est parvenir à mettre en scène ces événements à travers le prisme pédagogique qui leur confère une dimension symbolique. Mais, ces deux composantes du travail de mémoire ne suffisent pas à elles seules à enclencher le processus éducatif qui favorise la transmission des valeurs humanistes C’est qu’il importe aussi pour faire mémoire, de faire société. : c’est cette locution verbale qui constitue le troisième élément du tryptique mémoriel.

Bien sûr, cela ne va pas de soi, car cette posture repose sur une approche de la complexité. La mémoire ne s’impose pas, elle ne se lègue pas comme un héritage, le véritable testament de la mémoire , c’est l’esprit de civisme. Il se transmet à travers notre façon d’être au monde , de faire vivre le lien social, d’agir plutôt que subir, de rassembler au lieu de diviser, d’accueillir et non de rejeter, de partager et non d’accaparer, bref d’aimer et pas de haïr. Cette résistance intérieure menée d’abord contre soi-même pour se libérer des chaînes de la suffisance et de l’indifférence qui court-circuitent la fraternité et la solidarité est une conquête permanente, jamais définitivement acquise.

La mémoire ne peut pas se figer dans le culte du souvenir, elle doit s’ouvrir à la culture de la communication pour pouvoir perpétuer une mémoire vivante, porteuse d’avenir. On comprend dès lors que la mémoire ne peut mourir pas à la disparition des derniers survivants. Pour ne pas tomber dans l’oubli, la pédagogie de l’événement doit s’articuler à une pédagogie de l’avènement, pour apprendre à vivre de tout son être, avec son corps, son coeur et son esprit.  Cette éducation intégrale vise à renouveler toujours plus le rapport que chacun établit avec lui-même, avec l’autre et l’environnement. On ne peut perpétuer l’esprit de la Résistance que si le travail de mémoire contribue à susciter l’esprit de résistance à l’inhumain. Comme le dit très justement Jean Jaurès  « l’essentiel n’est pas seulement de conserver les cendres, c’est aussi d’entretenir la flamme ».

Voilà pourquoi nous sommes là aujourd’hui, très heureux d’accueillir le groupe de 34 jeunes choristes et instrumentistes que Sylvain Perret a su mobiliser, pour l’interprétation de chants patriotiques. « Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place »…

                      INTRODUCTION DES INTERVENANTS

LES LECTEURS DU TEMOIGNAGE D’HUBERT GERMAIN

Avant  de faire la lecture d’extraits du témoignage d’Hubert Germain, je tenais à vous présenter les trois lecteurs qui vont me succéder :

Anne-Marie BONNET

 

Elle a fait partie du voyage scolaire inter-établissements à l’Île de Sein en avril 1995 où les élèves à la fin de leur séjour ont ramassé des galets qui ont servi à la réalisation par la mairie de Montauban de la stèle de la France libre. Ils ont été formatés pour reconstituer l’avant-dernière phrase de l’appel du 18 juin. Depuis l’an 2000, c’est devant cette stèle qu’a lieu  dans le cadre de la Journée nationale commémorant l’appel du 18 juin la cérémonie en hommage au général de Gaulle.

 

Bernard VALETTE

 

Il est vice-président de la Société des Membres de la Légion d’Honneur : son père a été le dernier Français libre du département.

 

Jean-Louis MATHARAN

 

Il est historien et membre de la Fondation Charles de Gaulle, il a rencontré à plusieurs reprises Hubert Germain en 1987 et en 1988.

 

L’INTERPRETE DU CHANT DE LA CROIX DE LORRAINE

 

Elise DURIN qui a animé des groupes de chant à Notre-Dame de Paris, va interpréter le chant de la Croix de Lorraine.

Elle ne savait pas qu’Hubert Germain avait souhaité qu’une croix de Lorraine serait réalisée à partir d’une poutre calcinée de la cathédrale, et que le président de la République la déposerait sur le cercueil de ce grand résistant dans la crypte du Mont Valérien. C’est le seul chant composé sur ce symbole historique par un résistant, Marcel Poimboeuf, qui a siégé à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, en tant que représentant des organismes de Résistance métropolitaine. C’est un ami de Marie-Rose Gineste. la grande dame de la résistance départementale, la messagère du refus. C’est en déménageant son appartement que j’ai trouvé par hasard dans ses archives la partition de ce chant.

 

 

 

LE GROUPE MUSICAL DU CONSERVATOIRE

 

L’ hymne européen fait écho à la réconciliation entre les peuples qui se sont si souvent combattus. Nous l’avons choisi pour montrer que les générations montantes ont compris qu’il ne faut pas confondre la barbarie nazie et le peuple allemand, l’Allemagne éternelle et ses maîtres d’un jour, comme l’avait fait écrire sur les cahiers d’écolier, l’institutrice qui a péri dans l’incendie à Oradour-sur-Glane.

Le président de la République a annoncé que « le nouvel Ordre ferait, pour la liberté de tous, des Compagnons de la liberté une source éternelle d’inspiration pour tous les enfants de France ».