Notre association a été contactée par Camille Chamberlin, une étudiante désireuse de travailler sur l’histoire de la Résistance.
Nous l’avons aidé à entrer en contact avec madame Jacqueline Fleury, ancienne résistante du mouvement Défense de la France et du réseau Mithridate et ancienne déportée.
Nous lui avons posé quelques questions au sujet de cette rencontre.
Maurice Bleicher : Camille, pourquoi souhaitiez-vous rencontrer une ancienne résistante ?
Camille : Depuis petite, je suis passionnée d’Histoire, et je m’intéresse particulièrement à la période de la Seconde Guerre mondiale. J’aimerais plus tard travailler dans ce domaine et voudrais donc rejoindre l’université de Sciences Po. Pour ce faire, j’ai dû rédiger un essai à propos d’une personnalité née ou décédée en 1923. Je me suis donc penchée sur les acteurs de la Résistance
française, un sujet qui m’a naturellement attirée. C’est Jacqueline Fleury qui a le plus retenu mon attention. Aussi j’ai fait beaucoup de recherches et me suis intéressée à son parcours dans la
Résistance, à son expérience dans les camps de concentration, ainsi qu’à son engagement associatif après la guerre. Après avoir travaillé seule sur Madame Fleury, j’ai voulu aller au bout de ma
démarche et j’ai ainsi contacté de nombreuses associations dans le but final de pouvoir la rencontrer.
Qu’est-ce que madame Fleury vous a appris de ses motivations à s’engager dans la Résistance ?
Madame Fleury était très jeune lorsqu’elle a choisi de s’engager dans la Résistance. Ce sont les valeurs de sa famille qui l’ont poussée à faire ce choix. Venant effectivement d’une famille très
touchée par la guerre de 14-18, c’est naturellement que l’arrivée de l’armée allemande en France a engendré chez elle une volonté de combattre cette occupation au sein de la Résistance.
Que vous a-t-elle dit de ses activités dans la Résistance puis de sa déportation ?
Jacqueline Fleury rejoint donc à l’âge de 17 ans le réseau Défense de la France par l’intermédiaire de l’une de ses professeures, et va effectuer des missions en tant qu’agent de liaison. Elle va également distribuer le journal clandestin du réseau. Elle s’engage également par la suite dans le réseau Mithridate. Elle participe ainsi à la recherche et la transmission de renseignements, tout cela en
secret.
Lors de sa déportation, Jacqueline Fleury est déplacée dans plusieurs camps : Ravensbrück, Torgau, Markkleeberg… Elle est alors forcée de travailler dans les Kommandos pour l’industrie allemande.
Elle retient la grande solidarité et l’entraide dont les femmes ont fait preuve pendant leur déportation dans les camps.
Quelle importance accorde-t-elle à la transmission des valeurs de la Résistance à la jeunesse ?
Madame Fleury estime évidemment qu’il est nécessaire d’éduquer la jeunesse sur les atrocités commises à cette époque, afin de ne jamais oublier et de ne pas refaire les mêmes erreurs qu’autrefois.
Cela s’est traduit par exemple lors de la création du Concours nationale de la Résistance et de la Déportation dont elle est fondatrice. Ce concours vise à perpétuer la mémoire de la déportation et de la Résistance parmi la jeunesse pour en tirer des leçons. C’est un moyen de transmettre le devoir de mémoire.
Qu’avez-vous retenu à titre personnel de cette rencontre ?
Au-delà d’une simple aide pour un devoir scolaire, mon échange avec Jacqueline Fleury a été une expérience unique et m’a été extrêmement enrichissante.
Cette rencontre m’a d’abord beaucoup apporté humainement. Je pense qu’il est important en tant qu’individu de pouvoir se confronter au passé afin de se rendre compte des chances que nous avons aujourd’hui grâce à ceux qui se sont battus auparavant.
En addition avec les cours que j’ai étudié au lycée, j’ai pu prendre conscience de l’importance du devoir de mémoire sous une autre dimension grâce à cette rencontre. Désormais je sais que je veux
moi-même participer à la transmission des savoirs de cette époque et des témoignages.
J’ai été très touchée par cet échange : pouvoir discuter de façon aussi directe avec un témoin de cette époque est une chance immense, surtout pour une lycéenne de mon âge. Je suis donc très
reconnaissante envers ceux qui m’ont aidé à pouvoir effectuer cette rencontre.
Souhaitez-vous poursuivre vos recherches sur l’histoire de la Résistance, participer à des commémorations ou à d’autres activités mémorielles concernant la Résistance ?
Bien sûr ! Les échanges que j’ai eu avec les Amis de la Fondation de la Résistance et ma rencontre avec Jacqueline Fleury m’ont réellement passionnée et m’ont confortée dans l’intérêt que je porte à l’Histoire et à la période de la Seconde Guerre mondiale, et j’ai adoré en apprendre plus sur la Résistance en particulier. Je ne peux qu’espérer participer à d’autres activités de ce sujet !