Fusillés du Bois de Boulogne.

Auteur de la fiche : Max Gallo

Fusillés du Bois de Boulogne.


Ici, dans ce Bois de Boulogne, ce lieu de quiétude, 35 jeunes français ont été abattus, assassiné est le mot juste, dans la nuit du 16 au 17 août 1944, une semaine avant la Libération de Paris. Les troupes d’occupation, leurs polices et les traîtres français à leur solde, après avoir tendu un guet-apens, les ont achevés ici, à coup de grenades.

L’agonie de ces héros fut longue. Au matin certains corps étaient encore chauds.

Il faut citer les noms de ces 35 martyrs, dont la plupart avait moins de 25 ans. Cela ne prendra qu’un instant alors qu’il s’agit –  il faut s’en souvenir – de l’éternité de souffrance et d’espoir que représente chaque vie et d’éternité de douleur pour ceux qui aimaient ces jeunes patriotes.


Ils se nommaient donc :

  1. François BELLANGER
  2. Jacques et Roger BERNARD (2 frères de 24 et 20 ans)
  3. Charles BIRETTE (pour plus d’information cliquez ici)
  4. Pierre BEZET
  5. Henri BLANCHET
  6. Paul BOUCHAILLOT
  7. Claude BOUVELLE
  8. Robert CHALLARD
  9. Raymond COUNIL
  10. Jacques DELPORTE
  11. Jean DESFARGE
  12. Marcel DOURET
  13. Jean-Pierre DUDRAISIL-ELIE
  14. René FAUGERAS
  15. Bernard GANTE
  16. John GAY
  17. Maurice GUILBERT
  18. Guy HEMERY
  19. Franck HEMON
  20. Michel-Henri HUCHARD
  21. Georges LORIOZ
  22. Robert MAGISSON
  23. Jacques RESTIGNAT
  24. Pierre ROUILLON
  25. Pierre SARRABEYRROUSSE
  26. Jacques SCHLOSSER
  27. Arthur de SMET
  28. Maurice  THIBAIRENCQ
  29. Georges TRAPLETTI
  30. Luigi VANNINI
  31. Roland  VERDEAUX
  32. Gabriel VERDIER
  33. Jean VERON
  34. Pierre WECZERKA

Nommer ainsi ces patriotes ce n’est pas seulement un devoir de reconnaissance. Il est de droit.


« Ceux qui sont morts pour la patrie

Ont droit qu’a leur cercueil la foule vienne et prie

Entre les plus beaux noms leurs noms sont les plus beaux »

A dit Victor Hugo.


Mais ces noms ne sont pas enfouis dans l’histoire et nous ne les rappelons pas ici dans un rituel conventionnel de commémoration.

Ces trente cinq héros sont notre présent.

Ils nous disent le courage et l’esprit de sacrifice de la jeunesse quand l’idéal et l’élan, l’amour  de la nation la soulève.

Ils nous disent la diversité française capable de se rassembler dans l’unité nationale quand nécessité fait loi.

Ces 35 héros ne sont pas les représentants de telle ou telle classe sociale,  de telle ou telle formation de la Résistance, rattachée à telle ou telle sensibilité politique.

Il y a parmi eux des étudiants, un boulanger, un boucher, un mécanicien, des cheminots, un manœuvre, un médecin, un employé, des gardiens de la paix, un instituteur.

Ils viennent de la banlieue, de Chelles et de Draveil et du XIIIème arrondissement de Paris.

Ils appartiennent aux Forces Françaises de l’Intérieur, aux Francs Tireurs et Partisans Français, à l’Organisation Civile et  Militaire, aux Jeunes Chrétiens Combattants.

Ils ont des origines sociales et des sensibilités politiques différentes. Mais leur but est commun : faire que la France soit libre et souveraine, que son peuple soit libre de son destin. Ils sont tombés ici pour cela.

Et si nous sommes ici, au terme d’une confrontation républicaine et démocratique, c’est aussi à eux que nous le devons.


Ils sont l’incarnation de l’âme de la nation, qui construit son unité à partir de la diversité. Le patriotisme français naît de l’amalgame des différences.

C’est pour affirmer ces valeurs, cette histoire, que ces 35 jeunes français voulaient des armes pour se battre. Les combats pour la Libération de  Paris s’annonçaient. Les cheminots, les gendarmes, les policiers étaient en grève. La 2ème DB du général Leclerc était à Orléans et à Chartres.

Ces 35 jeunes patriotes étaient résolus, impatients, peut-être imprudents. Un traître leur a proposé les armes qu’ils désiraient. Ils sont tombés dans le piège tendu par les agents français de la Gestapo.


Il faut rappeler ces faits. Il y eu en effet des français prêts à dénoncer, à torturer, à massacrer, Il faut le dire parce que c’est la réalité. Mais une fois qu’elle est dite, il faut la mettre à sa place, tout à sa place, rien qu’à sa place. Car elle n’est que l’ombre inéluctable qui n’existe que parce qu’il y a la lumière. Voila la Vérité.

Alors, aujourd’hui, l’Histoire qui ne dissimule rien doit d’abord expliquer et faire partager l’engagement héroïque de ces 35 jeunes français assassinés ici.

Ils sont mots dans la nuit, sans connaître la joie de la Liberté reconquise, sans entendre le général de Gaulle s’écrier la voix traversée par l’émotion : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, mais Paris libéré par lui-même, par son peuple….. »

Ils étaient ce peuple. Ils sont ce peuple.