MENUT Marinette

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Marinette MENUT

Née en 1914 à Laprugne (Allier) dans une famille d’instituteurs, Marinette Lafaye obtient à 24 ans son diplôme de pharmacien, avant d’épouser quelques années plus tard Max Menut. Ensemble, ils créent à Riom la Pharmacie Nouvelle, puis entrent dans la Résistance. Lui devient le commandant Bénévol, responsable de l’arrondissement de Riom pour le mouvement Combat. Elle, de son côté, assure la transmission du courrier et alimente en médicaments le premier corps franc d’Auvergne et les maquis de la région. Devant les menaces de la Milice, Marinette Menut doit à son tour rejoindre le maquis, ayant pris soin de confier son enfant à sa mère. Accompagnée par son père, Fernand Lafaye, elle retrouve son mari à Maurines, non loin du Mont-Mouchet où des milliers de volontaires avaient rejoint l’État-Major de la Résistance, installé dans la maison forestière. Elle participe alors à la direction de l’hôpital de campagne comme lieutenant-pharmacien. Durant tout le mois de juin 1944, les maquisards résistent vaillamment aux assauts répétés des Allemands, au Mont-Mouchet, à Saugues et à La Truyère. On dénombre 260 morts et 180 blessés dans les rangs des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Une centaine d’otages civils sont fusillés par les troupes nazies.

La nuit du 21 juin, après deux jours de combats intensifs, le commandant Menut doit organiser vers AIbaret-le-Comtal l’évacuation des hommes en traitement à l’infirmerie de Maurines. Le convoi des blessés, qui se dirige vers les gorges du Bès, parvient péniblement à franchir la rivière. Les plus valides rejoignent à pied le couvert des bois situés au sud d’Albaret. Les plus grièvement atteints restent sur place, couchés sur des matelas, protégés du froid par des couvertures.

À Albaret, le convoi apprend que les troupes allemandes patrouillent à deux kilomètres de là. Le commandant Menut décide de partir le lendemain matin en direction de Saint-Just. Il a l’intention de rompre l’encerclement allemand. Le 22 juin, la colonne sanitaire quitte Albaret. Les blessés qui peuvent marcher prennent les chemins de montagne, accompagnés du personnel sanitaire. Les plus grièvement atteints sont placés sur des chars à boeufs. La colonne progresse lentement en raison des souffrances intolérables qu’ils endurent. A 12 h 30, arrivent enfin à Saint-Just les deux derniers chars avec les six blessés les plus graves. Pendant que Marinette Menut, son père et les médecins les réconfortent, le reste du convoi part sur Albaret-Sainte-Marie. Puis, les deux derniers chars quittent Saint-Just. Le premier, accompagné par le commandant Bénévol, réussit à franchir la route nationale. Le deuxième n’aura pas la même chance. Le convoi, vendu par un chiffonnier de Saint-Chély-d’Apcher, tombe aux mains des nazis. Les blessés couchés sur les chars sont achevés sans pitié, le docteur Reiss et Fernand Lafaye sont tués. Au cours de ce massacre, Marinette Menut tente de se défendre avec une mitraillette. Mais, atteinte aux reins, elle doit bientôt se résoudre à suivre les Allemands à la mairie de Chaudes-Aiguës. Dans une clinique de Samt-Flour, où elle est transférée, une religieuse veut l’aider à s’évader. Mais, au dernier moment, elle est identifiée par deux agents de la Gestapo, Mathieu et Vernière, comme étant la femme du commandant Bénévol. Emmenée à Clermont-Ferrand, enceinte de plusieurs mois, elle est, pendant plusieurs jours, atrocement torturée. Mais elle ne parle pas. Les médecins ont reçu l’interdiction de la soigner. Elle est alors enterrée vivante, dans le coma, dans un trou de bombe à la base d’Aulnat.

Morte à 30 ans sous la torture, elle reçoit la Légion d’honneur à titre posthume, le lei mars 1945.