Tyszblat Georges

Auteur de la fiche : Marc Fineltin

Georges Tyszblat

Témoignage de Georges Tyszblat :

Je suis monté au maquis du Mont Mouchet en Auvergne en mai 1944. Ce maquis était commandé par le colonel Gaspard. Je peux relater quelques faits. Je suis monté au maquis avec le fils du docteur Mallet, dont le père, un homme admirable, voisin de l’endroit où j’habitais, médecin dévoué soignait les réfugiés sans vouloir se faire payer.

Dès notre arrivée dans ce grand maquis j’ai été aperçu par un ami de mes parents à Brioude, Simon Finkelstein, qui m’a retenu près de lui, ce qui a changé ma destinée. Car je n’ai pas suivi le docteur Mallet et son fils qui ont été pris par les Allemands et je crois fusillés.

J’ai été muté à l’état major, en compagnie de subsistance avec mon ami Simon, qui y était déjà. Dès notre arrivée nous avons été bombardé par deux avions Allemands qui ont fait des dégâts parmi nous.

Il y avait dans ce maquis des groupes d’origines différentes : O.A.S., F.T.P. et des indépendants qui avaient un désir de vengeance, nommés les Truands de Judex, à la réputation très agressive. A un rassemblement le chef des truands demande « qui connaît la ville de Saint Flour ?» je lève le doigt et aussitôt autorisé à faire partie de ces sanguinaires à la réputation non usurpée. Comme ils savaient que s’ils étaient pris ils seraient torturés et fusillés ils en faisaient autant à leurs prises. La mission était de transporter à partir de la rue des lacs à Saint Flour une rue étroite en boyau peu propice à la fuite, deux corpulentes corsetières soupçonnées d’avoir dénoncé des résistants. Ces personnes ne voulaient pas monter dans la camionnette, il nous a fallut les monter de force devant une foule de curieux. Pendant l’opération que je surveillais arme à la main, voici que passe ma belle-sœur et mon neveu de 8 ans, malgré la surprise, je les ai renvoyé chez eux dare.. dare… J’ai donné le signal du retour assez heureux que la force publique ne soit pas intervenue. J’ai amené au maquis mes corsetières. Après un vibrant discours du Colonel Gaspard le 14 juillet nous avons été attaqué par des forces allemandes supérieures en nombre, bien que nous ayons résisté à leur attaque en force et leur avoir causé quelque mal, nous avons décroché sur Chaudes-Aigues, mais les Allemands et leurs séides ont attaqués en force, et nous avons été obligés de nous réfugier dans la forêt où mon groupe s’est dispersé dans des fermes en attendant un mieux.

En traversant une forêt en tête d’un groupe de soldats nous sommes passés par un petit village où nous n’avons trouvé qu’une vieille femme qui nous a dit « En voyant ce grand blond en tête d’un groupe armé, tout le monde a fuit en vous prenant pour des Allemands » (Georges mesure 1m 84 et à l’époque avait une belle crinière blonde).

 Marc Fineltin : Le texte ci dessus est de mon beau-frère Joseph (Georges) Tyszblat, pour mettre ce récit dans son contexte, je précise que Georges est né à Paris en septembre 1921 de parents juifs polonais, il avait une sœur et un frère plus âgés, nés avant la 1ère guerre mondiale. Il faut dire aussi qu’à la suite d’un grave accident de vélo quand il avait une douzaine d’année, qui lui a valu une année de soin à Berck, il a une jambe raide.

Il était réfugié avec ses parents et la famille de son frère à Saint Flour,

En pièces jointes j’ai 2 attestations

1 – du capitaine Jacques commandant la place de saint Flour  du 9 octobre 1944 :

« Monsieur Georges Tyszblat demeurant 5, rue du faubourg à Saint Flour, a servi volontairement au Mont Mouchet (Haute Loire), à la Margeride et à Saint Martial (Cantal) en subsistance à la compagnie hors rang, qu’a ce titre il a pris part aux deux actions militaires concernant les réduits de Mont Mouchet et de Saint Martial ainsi qu’a un coup de main en ville de Saint Flour »

2 – du Colonel Gaspard Chef régional des F.F.I. du 30 janvier 1945 :

« Monsieur Georges Tyszblat demeurant à Saint Flour a joué dans cette ville un rôle de premier plan dans la Résistance.

A partir du mois de mai 1944, il est monté au maquis et a pris part aux combats du Mont Mouchet et de Chaudes-Aigues où il a eu une conduite très courageuse. A la retraite de Chaudes-Aigues il a aidé son Lieutenant qui était blessé au pied à regagner l’arrière où il a été soigné. »