Schwing Annie

Auteur de la fiche : Paulette REDOUTÉ,

Annie Schwing

Engagée dès l’invasion allemande, Annie Schwing assura l’acheminement secret d’un courrier à destination de l’Alsace occupée. Ensuite, elle entra au réseau de renseignement F2 de la France combattante. Assumant le secrétariat du sous-secteur des Côtes-du Nord-Morbihan, dont son mari était le chef, elle assurait souvent des liaisons dangereuses avec les agents de la région, recherchant par la même occasion des renseignements militaires.

Arrêtée avec son mari le 6 mai 1944, Annie fut incarcérée à la prison de Saint-Brieuc, puis à Rennes. Résistant courageusement et habilement aux interrogatoires de la Gestapo, elle réussit à éviter toute répercussion fâcheuse sur la sécurité des autres agents du réseau, qui put ainsi continuer à fonctionner, comme en témoigne la citation accompagnant la remise qui lui fut faite de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre avec palme.

Annie fit partie du dernier convoi de prisonniers qui quitta la prison Jacques Cartier, à Rennes, le 2 août 1944. Ce convoi arriva à Ravensbrück le 4 septembre 1944, après maints détours causés par les bombardements alliés. Elle déclina l’offre d’évasion d’un brave cheminot pour continuer à soutenir une camarade pouvant difficilement marcher. Je me suis trouvée avec elle dans ce convoi, et c’est là que j’ai fait sa connaissance. Sa conduite au camp a été exemplaire. Elle parlait à chacune d’entre nous avec beaucoup de coeur d’intelligence et de courage, avec discrétion et simplicité aussi. Elle s’entretenait parfois avec Mme Stauffenberg, l’épouse de cet officier allemand qui participa au complot contre Hitler et déposa une bombe sous la table du Führer, à Rastenbourg. Cette Allemande, très cultivée et parlant un français admirable, aimait causer avec Annie de littérature, et aussi de l’avenir.

Pour Annie, l’avenir sa matérialisa par le retour en France, via la Suède, le 26 juin 1945. Très éprouvée physiquement, Annie n’hésita cependant pas à retourner en Allemagne comme membre de la Mission de Recherche et de Rapatriement des personnes déplacées, à Berlin. A peine rentrée en France, elle fut priée de se rendre à Rastatt pour y témoigner au procès du bourreau de Ravensbrück, Suhren, le commandant du camp. Sa déposition et celles de ses camarades aidèrent beaucoup la justice.

Revenue. à Paris, Annie devint secrétaire de l’officier liquidateur du réseau F2 auquel elle avait appartenu. Assidue aux réunions de camarades, elle put rendre de grands services aux anciens résistants, internés, déportés, en les aidant à faire valoir leurs droits.

Sa réserve naturelle et son effacement volontaire ne la conduisaient pas à solliciter les honneurs. Ce n’est que le 22 no­vembre 1978 qu’elle fut promue officier de la Légion d’honneur. Elle devait en recevoir les insignes trois semaines exactement avant sa mort le 17 mars 1979, à Dinan, où elle et son mari s’étaient retirés.

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