René Remond

René Remond

René Rémond, « antimunichois », jésuite, Résistant, élu à l’Académie Française en 1998.

Vidéo

Durée : 23:08

L’engagement

« J’étais résistant bien avant que le problème ne se pose concrètement hein, avant que la France se trouve dans cette situation de pays à la fois vaincu et occupé, car très tôt, j’étais au fond, j’étais résistant, j’étais anti-Munichois. Il faut remonter là. Je crois que Munich c’est très important, ça a été un clivage entre ceux qui pensent qu’il vaut mieux chercher la conciliation au prix d’un compromis, et ceux qui pensent que dans ces circonstances, il faut dire non, voilà.

Et je sais que, j’étais étudiant dans les années 37-38, j’ai vu grandir avec inquiétude et épouvante la menace. Je me souviens du choc qu’a représenté l’Anschluss… la rage en quelque sorte que. Je suis allé m’inscrire à l’Ambassade d’Autriche sur le livre de deuil en quelque sorte, et j’ai pensé, je me suis senti solidaire de l’Autriche chrétienne en particulier du chancelier Schuschnigg : j’étais résolument anti-Munichois.

Je sais que le 30 septembre 1938, alors que beaucoup autour de moi disaient « on vient de souscrire un nouveau pacte de 20 ans pour la paix », j’ai dit et je le croyais profondément « nous aurons la guerre l’an prochain », je n’en ai jamais douté. Au fond, dès le mois de mars 38 et, je dois dire que je le souhaitais en quelque sorte, que nous répondions, que nous cessions de reculer, et qu’il fallait résister en quelque sorte.

Alors je ne dirais pas que je me suis réjoui de l’entrée en guerre mais j’ai, j’en ai été satisfait… car autrement j’aurais eu honte en quelque sorte.  Et qu’après tout, je ne cesse de le rappeler à nos amis Polonais, la France est entrée en guerre pour la Pologne, ce que n’ont pas fait les États-Unis. On l’oublie !!!

Nous n’avons pas été d’une grande aide pour eux mais on a quand même pris le risque, et c’est parce qu’on est entré en guerre pour la Pologne que nous avons été battus et occupés. Donc nous avons partagé cette attitude d’hostilité s’expliquait à la fois je crois d’abord parce que, par ma culture littéraire et historique.

Il se trouve qu’en 1938, au moment de l’Anchluss, nous expliquions les discours de Démosthène, mettant en garde ses concitoyens athéniens contre Philippe, pour nous Philippe c’était Hitler en quelque sorte et nous ne partagions pas le point de vue d’Isocrate qui préconisait l’entente, ça c’était les Munichois et nous étions résolument… y’avait une espèce de projection peut-être un peu excessive, mais après tout c’est le rôle de l’Histoire et les enseignements, donc il y avait sûrement de cela, et puis ma connaissance de l’Histoire, la conviction que dans certains cas, il faut savoir dire non et s’y opposer.

Et puis inconsciemment le milieu auquel j’appartenais, la Jeunesse étudiante chrétienne. Il y eu René Michel qui a publié une thèse qui montre que les publications de la J.E.C. étaient déjà, une mise en garde, et effectivement, ce groupe chrétien a été une des composantes clairvoyantes.

Le parti communiste pour d’autres raisons et dans une autre perspective, quelques socialistes, des Juifs assurément et puis une partie du catholicisme. A l’époque Robert d’Harcourt qui enseignait à l’Université catholique, publiait un livre pour dénoncer le paganisme, le néo-paganisme du IIIème Reich. J’étais abonné à Sept à Temps ensuite. Il y avait là un milieu qui était potentiellement, résistant, parce que dans leur esprit, et à juste titre, on n’avait pas seulement affaire à une nation de proie, c’était pas seulement le pangermanisme, nous avions affaire à un adversaire beaucoup plus redoutable avec un système de pensée, une idéologie et la suite à montrer à quel point ce pronostic était juste.

Nous ne savions pas encore, on ne prévoyait pas encore la solution finale mais malgré tout, on était au courant des camps de concentration. La Nuit de Cristal, un certain nombre de choses qui faisaient horreur et que par conséquent il fallait se battre presque plus contre le système que contre le voisin ou l’ennemi héréditaire.

Si bien que, alors… j’appartenais à la classe 38, j’étais sursitaire, j’ai été rappelé donc en novembre 39 sous les drapeaux. Nous n’avons pas combattu parce que j’appartenais au régiment des Élèves Aspirants et notre instruction n’était pas tout à fait terminée. Nous avons failli l’être sur les bords de la Loire mais en fait nous n’avons pas combattu. Mais je me rappelle l’état d’esprit, notre état d’esprit, le lundi 17 juin, à l’audition de l’appel du maréchal Pétain, l’un de nos camarades s’est tué…

 Il s’est suicidé ?

Il s’est suicidé… et pour nous c’était vraiment le deuil. Et nous avions à notre tête un colonel qui était, je ne sais pas du tout quel était son comportement par la suite mais le discours qu’il tenait était un appel à la revanche en quelque sorte. Alors j’ai été maintenu longtemps sous les drapeaux parce que ma classe était maintenue dans l’Armée de l’Armistice, la convention donnait le droit au gouvernement de Vichy de garder 100 000 hommes, c’était la clause du Traité de Versailles reprise, la Reichswehr, 100 000 hommes et par conséquent l’Allemagne avait accordé à la France ce que nous avions accordé à l’Allemagne de Weimar, donc nous étions maintenus.

Pour maintenir les 100 000 hommes, on comptait sur des engagements, peu nombreux, et par conséquent nous n’étions démobilisés qu’au compte-goutte, à mesure, et si bien que je n’ai été démobilisé qu’en octobre 1941. J’ai été versé dans un bataillon de Chasseurs où avait été… transféré une partie de sous-officiers de blindés qui par conséquent connaissaient personnellement Charles de Gaulle et y avait donc climat qui était assez résistant.

D’ailleurs nous n’envisagions pas du tout ce qui est arrivé le 11 novembre 42 où l’armée s’est laissée désarmer sans résistance, à l’exception de de Lattre de Tassigny. J’étais jeune aspirant chargé de la section du renseignement et c’est à moi de préparer les enveloppes qu’on devait ouvrir et où chacun avait son rôle en cas, dans cette hypothèse-là hein.

Et le roule était du bataillon était le suivant : on résiste, on prend position, on avait repéré les positions et on y va : Baroud d’honneur, on ne les laisse pas entrer, par conséquent nous étions installés dans une position de résistance. Il se trouve que c’est le 1erbataillon de Chasseurs dont l’origine était Strasbourg et dont l’insigne était la cathédrale de Strasbourg. Nous défilions dans les villes de la zone libre, dans le département de l’Ain, à Bourg, en chantant, on chantait beaucoup en ce temps-là y compris les militaires : « vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».

J’ai été démobilisé aux premiers jours d’octobre 1941, donc j’avais fait 22 ou 23 mois, là, ce qui faisait que j’étais décalé par rapport à mes camarades qui eux, mais j’avais cette expérience du commandement et de la proximité du combat et du baptême du feu. Alors j’avais été admissible à l’École Normale en juillet 39, il me restait un concours possible et je suis rentré en Khâgne pour préparer le concours, si bien que j’ai trouvé une situation curieuse d’étudiant un peu décalé, plus mûr que mes camarades pour avoir fait l’expérience de la vie adulte.

Alors l’année 41-42, la question ne se posait guère de militer ou de s’engager, j’ai été reçu à l’École Normale en 42, c’est à partir de cela que nous nous sommes dans le courant de 42-43, mes camarades et moi « qu’est-ce qu’on peut faire ». Dans l’ensemble, on peut dire que l’École était assez à l’unisson. Ceux qui, il y en avait peu, quelques-uns avaient fait le chemin, enfin avaient de la sympathie pour la collaboration, mais très peu nombreux, isolés, et je dois dire qu’aucun d’entre eux n’a jamais songé à nous mettre en difficulté.

L’action

Une jeune étudiante qui a fait un mémoire très intéressant sur le réseau auquel j’ai participé m’a un jour demandé pourquoi j’avais choisi celui-là plutôt qu’un autre… je ne savais même pas auquel j’adhérais car c’était pas sur la place publique en quelque sorte, alors là nous y avons été aidés par notre camarade Jean Binaudqui était notre camarade de promotion et qui a plongé dans la clandestinité.

Dans un premier temps, nous avons joué un rôle, je ne suis pas sûr qu’il fût très utile mais nous étions au fond un peu comme les officiers d’actif qui tiennent les listes et ça devait être probablement de ceux qui militaient, assez nombreux dans l’organisation qui s’est appelée « Ceux de la Libération-Vengeance » qui avait dû être dirigé par André Mutter qui ensuite a été député de l’Aube.

Et je sais qu’on dressait des listes de ceux qui étaient domiciliés dans les communes de l’actuel Val-de-Marne ou de l’Essonne, Draveil ou autre, je ne sais pas bien à quoi ça servait mais ça ne nous satisfaisait pas beaucoup. Et puis après il y eut, au fond, rattaché, lui-même travaillé pour un réseau de renseignement, dont on a découvert par la suite que c’était Jade-Fitzroy et là donc nous nous sommes trouvés ainsi insérés dans une toile d’araignée à ce moment-là.

Par lui, nous transmettions les renseignements, mais à notre tour d’en recruter d’autres. J’avais un frère par exemple qui a à ce moment-là était en stage à la CPDE, compagnie parisienne de distribution et d’électricité, et qui de ce fait avait accès à pas mal d’informations sur l’énergie, les réseaux de transmission de l’électricité, toute l’information qui pouvait être utile pour le sabotage ou les bombardements. Tout pouvait être utile en quelque sorte. Alors on avait un dispositif en étoile, un de mes camarades normalien habitait à Meulan, près des Mureaux rassemblait les informations.

J’allais à sa rencontre en bicyclette qui était le moyen de transport, nous nous retrouvions à la Croix de Noailles dans la forêt de Saint-Germain. Notre plus grande crainte était de crever à cette époque-là… parce que… par conséquent il va porter des papiers, il venait de Meulan à la Croix de Noailles, et je les rapportais et je les transmettais ensuite à mon officier traitant, si je puis dire. Et il avait recueilli beaucoup d’informations sur les rampes de lancement car il était à proximité du Vexin, par conséquent, repérer les emplacements, dessiner les choses et ces informations, ce ne sont pas les seules mais elles ont certainement contribué à attirer l’attention sur les rampes de lancement des futurs V1et V2.

Autre exemple où là je crois qu’on a joué un rôle qui n’était pas tout à fait inutile, au printemps 44, là où les Alliés commençaient à exercer des bombardements préventifs sur la région parisienne, les Allemands dispersaient leurs aviations pour la soustraire aux bombardements, et en particulier ils utilisaient tous les petits aéroports des environs de Versailles, Buc, Toussus-le-Noble. Il y avait là toute une série de petits aéroports et ils logeaient, icamouflaient leurs appareils sous les arbres.

Alors avec un autre de mes camarades normalien, François Crouzet, futur historien, nous allions à bicyclette repérer, approcher d’aussi près que possible pour y décompter les avions et les identifier et nous avions un carnet de silhouettes qui nous permettait, alors je ne me rappelle plus, je sais qu’il y avait les Ju 52 en autre voilà, puis il y avait un autre modèle, c’était en fait, dont le nom m’échappe, alors nous les dénombrions, nous approchions aussi près que possible, ce qui était une façon à les repérer, les dénombrer, les identifier et nous transmettions toutes ces informations à Londres. Et il y a eu des bombardements et c’est la seule occasion pour laquelle nous avons reçu des félicitations d’ailleurs pour les informations transmises. On décolletait aussi toutes sortes d’informations sur l’activité économique, et aussi plus directement lié aux opérations de guerre.

Le dénouement

Alors le dernier épisode est lié à la libération de Paris parce que le réseau a continué de fonctionner, à partir du 19 août, d’autant plus facilement que le téléphone était libre… et qu’il pouvait plus être surveillé par les Allemands hein, et en particulier dans la dernière phase, c’est-à-dire à l’arrivée de la 2èmeDB et les combats de la Libération… c’est-à-dire le jeudi soir.

 C’est le jeudi soir qu’arrivent les estafettes et que sonnent les cloches, nous nous sommes installés, notamment anec mon meilleur ami Pierre Bellonetau secrétariat général des JEC au 37 rue Pierre Nicole, et nous avons donc passé là environ 24 heures, oui, nous sommes sortis juste un moment pour voir des défilés boulevard de Port-Royal, les avant-gardes, les blindés de Leclerc et à partir de là, on a transmis quantité… nous téléphonions des informations sur la localisation des points de résistance allemands, il y avait par exemple une casemate avec une mitrailleuse qui était installée rue des Feuillantines, tout près de l’École Normale, dans l’axe de la rue Claude Bernard, pour défendre le Luxembourg, siège de la Luftwaffe, par conséquent nous transmettions à l’état-major de la 2èmeDB, téléphoniquement la carte, en disant attention là il y a une casemate, y’a une mitrailleuse, donc n’abordez pas de front, contourner par… et nous appelions tous nos amis pour dire, allez repérer, dites-nous, ben jusqu’à la capitulation, voilà entre autre, beaucoup d’informations, voilà.

La Résistance de l’esprit

Vous avez eu beaucoup d’amis arrêtés ?

On en a eu pas mal, oh pas mal, oui c’est vrai, un beaucoup plus jeune, qui était Michel Cabosse ou Cabost avec qui on était très liés. Il a été il en avait fait beaucoup moins que nous. Il est mort à Mauthausen du typhus, donc c’est vrai que le moindre engagement même pouvait très bien vous conduire à la mort voilà et à l’inverse on pouvait prendre toutes sortes de risques et survivre, y’a pas de rationalité, y’a pas de logique, y’avait pas de corrélation. A l’École Normale il y a eu beaucoup de déportés ou de tués dans nos promotions. Il y a eu un célèbre normalien, Jean Cavaillès évidemment, parmi les anciens beaucoup mais aussi parmi ceux qui étaient, à l’époque major de la promotion 1935, oui Brossolette, Cavaillès, ça c’est vrai, alors dans la lutte armée.

Cavaillès était dans la lutte armée, pas seulement dans le renseignement, ce philosophe a voulu s’engager oui et pas mal et dans nos promotions aussi, il y en a eu pas mal, ah oui, les pertes ont été assez lourdes.

Et Marc Bloch vous l’avez connu ?

Je ne l’ai pas connu, j’ai pas connu Marc Bloch, je l’ai pas aidé, je n’ai pas été son élève, enfin oui, un autre ancien normalien. La liste est longue et Marc Bloch, c’est la Résistance, c’est pas son identité juive, il était engagé… Ce qui n’empêche pas qu’il y en a qui sont allés fort loin dans la collaboration, après tout, Brasillach ou Bardèche ou Claude Jeantet ou d’autres, un certain nombre … d’ailleurs pour des raisons philosophiques, souvent pour des raisons intellectuelles hein, les disciples d’Alain.

Je pense qu’Alain a une lourde responsabilité. Il a contribué à inculquer une culture pacifiste, la vie était un combat, rien ne justifiait qu’on expose sa vie, l’éthique du résistant c’est l’inverse, c’est que la vie ne vaut d’être vécue que dans certaines conditions et que, il y a des valeurs qui sont supérieures à la vie et auxquelles on peut… il y a là un clivage hein sur la vie et les valeurs.

Et puis alors il y a évidemment eu une dérive qui a conduit un certain nombre de l’extrême droite mais de la gauche aussi vers au fond le fascisme, la séduction, la séduction du régime totalitaire, c’est frappant chez un Bardèche, un Rebatet ou un Brasillach, ils ont été fascinés par la liturgie Nuremberg. Le rêve d’un peuple rassemblé, uni, et la détestation d’un régime de délibération, d’un régime qui leur paraissait un régime mou, c’est vrai… je crois que pour la plupart d’entre eux, ce sont des raisons supérieures, des raisons idéologiques qui sont des raisons philosophiques.

C’est une dérive, une déviation, un égarement, le même ordre de raison que celles pour lequel d’autres et moi-même se sont engagés dans la Résistance, au fond c’était notre philosophie morale, nos convictions qui…, c’était bien une guerre de religion, un conflit, un conflit philosophique

Quelle leçon tirer d’une telle expérience ?

Je crois que ça nous a ramené aux valeurs républicaines et de la démocratie… Ca a contribué à,  sûrement à forger une identité et en particulier la conviction qu’il y a des valeurs supérieures, ce sont elles qui donnent un sens à la fois à la vie personnelle et à la politique et …que moi, moi ce que j’en tire c’est que… il faut faire de l’éducation citoyenne en quelque sorte et que c’est même la responsabilité du système éducatif, qu’il faut aider les jeunes à se, à se former un jugement, à apprendre, il suffit pas de dispenser des connaissances, il faut, l’éducation du citoyen c’est à la fois… l’aptitude à comprendre, à connaitre la situation mais c’est aussi d’inculquer des valeurs, et l’éducation du jugement, de façon à ce que dans certaines situations, spontanément on réagisse correctement, et ça c’est un apprentissage.

Et au fond, on se rend bien compte que jusqu’à notre dernier jour, nous resterons profondément marqués par le désastre de 1940, je crois que c’est l’épreuve suprême, je crois qu’il n’y a rien, il n’y a pas de désastre qui approche pour un peuple celui d’avoir été battu en rase campagne dans une guerre, et qu’au fond je crois que nous n’avons pas soldé aujourd’hui encore, alors c’est manifeste dans le monde, ce que nous avons perdu, nous ne l’avons pas tout à fait retrouvé, en influence, en confiance, mais… on a beaucoup fait pour, notre génération a été marquée par, toute sa vie, par la résolution que ça ne se reproduise jamais, qu’on ne se retrouve pas dans cette situation, et que par conséquent on en tire des conséquences et qu’on rattrape le retard, qu’on retourne et au fond tout l’effort formidable fait par la nation française dans les années 45-60, faut se rappeler que la durée normale du travail, c’était plutôt de 70 heures, que les mineurs faisaient des heures supplémentaires pour permettre de chauffer les enfants ou pour de fournir à l’industrie l’énergie dont elle avait besoin et que retrousser ses manches, toutes les forces y compris d’opposition appelaient à l’effort et cet effort s’est poursuivi 10 ans, 15 ans en fait, car la pénurie se prolonge tard.

Le rationnement n’est supprimé qu’en 49, cette génération a vécu 10 ans de rationnement de 1939 à 1949 et encore ensuite 10 ans difficiles, l’horizon commence à s’éclaircir que dans les années 1955-56 sur le plan de l’existence quotidienne, donc c’est ça, ces évènements, cette génération s’est juré et c’est à elle qu’on doit d’avoir reconstruit, le reste est venu de surcroît, la croissance et la prospérité, c’est vrai qu’il y a eu, cette génération-là elle a à la fois vécu de grandes épreuves et elle en a tiré une volonté… dans tous les milieux, les syndicalistes, la haute-fonction publique, les agriculteurs, les éducateurs, les mouvements de jeunesse, c’est vrai  qui a rénové la France, qui lui a permis de redevenir un partenaire, une puissance et en même temps… l’apprentissage de la démocratie.