Asher Serge "Serge Ravanel"

Auteur de la fiche : Hommage par Laurence Thibault, Raymond Aubrac et Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants

Asher Serge dit Serge Ravenel

Cérémonie d’hommage à M. Serge Ravanel, grand Officier de la Légion d’Honneur

Cour d’honneur des Invalides

Mardi 5 mai 2009

 Discours de M. Jean-Marie Bockel

secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants

Serge Ravanel était né Serge Asher le 12 mai 1920.

Comme beaucoup de ses camarades de Résistance, il avait conservé son pseudonyme adopté durant la clandestinité. Dans ses mémoires, il a lui-même expliqué l’origine de ce nom qu’il s’était choisi. Ravanel était le nom d’une aiguille rocheuse de la région de Chamonix.  Il aimait la montagne, synonyme d’efforts désintéressés et de solidarité entre compagnons de cordée.

Peut-être voyait-il aussi dans ces sommets une image des efforts qui restaient à accomplir pour libérer le  pays qu’il aimait tant.

Il adopta ce nom un jour de juin 1943. Ce jour-là, il avait accepté la responsabilité de diriger les Corps Francs des Mouvements Unis de Résistance. Il avait à peine 23 ans et déjà deux années de combat clandestin derrière lui.

L’entrée en résistance fut pour Serge Ravanel une nouvelle naissance : « en décidant de faire de la Résistance, j’avais accompli un acte de liberté, celui de choisir ma vie » écrit-il.

Comme beaucoup de descendants d’immigrés européens, Serge Ravanel voyait en la France une personne, qui empruntait les traits de la Justice et de la Liberté.

Serge Ravanel vouait à la France une passion exigeante, à la fois romantique et patriotique. Cet amour de la France venait de loin. Il venait d’ailleurs. Sa mère, ardente patriote tchèque, avait caché le futur Président Masaryk dans la ferme familiale de Bohème. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle avait suivi ses compagnons de lutte à Paris. Ils étaient venus proclamer l’indépendance de leur jeune nation dans la patrie des Droits de l’Homme.

Serge Ravanel reçut une éducation stricte, qui le conduisit à emprunter les chemins de l’excellence. En 1938, alors que la France abandonnait la Tchécoslovaquie aux appétits hitlériens, il préparait Polytechnique et y était admis en 1939.

Sa déception fut sans doute grande de voir cette France qu’il aimait tant déroger à ses principes : derrière l’abandon de la Tchécoslovaquie, il vit un abandon des valeurs qui fondaient la République. Cette déception nourrit peut-être sa sévérité ultérieure vis-à-vis de la Troisième République et sa croyance initiale, comme beaucoup de ses compatriotes, dans les efforts du maréchal Pétain pour relever la France.

Serge Ravanel n’a jamais caché qu’il avait cru un temps au « double jeu » du Maréchal et à l’entente secrète entre le général rebelle parti à Londres et le vainqueur de Verdun qui prétendait faire don de sa personne à la France.

La Résistance fut pour Serge Ravanel à la fois une école de la vie et une éducation politique.

Devenu membre du mouvement Libération Sud, il évolua au contact de ses camarades de lutte.

Il vécut la Résistance comme un de ces instants uniques où le souffle des grands événements rebat les cartes de l’Histoire et change le cours du destin.

Dans l’expérience de la Résistance, il vit une réminiscence de la Révolution Française de 1789. Les Corps Francs, auxquels il consacra tant d’énergie, n’étaient-ils pas les dignes successeurs des soldats de l’An II ?

Serge Ravanel crut sincèrement en cette armée de FFI, cette armée du peuple surgi les armes à la main, prête à en découdre avec l’Occupant. Toute sa vie, il fut l’inlassable avocat de cette résistance qui voulait aider de Gaulle – parfois malgré lui – à prouver aux Alliés sa valeur militaire.

Une Résistance qui refusait l’attentisme et prônait l’action immédiate.  Une Résistance qui voulait pleinement participer aux combats de la Libération. Serge Ravanel voyait dans les FFI une armée révolutionnaire, porteuse d’un esprit nouveau.

Il aima passionnément cette armée du peuple où il fit l’apprentissage de la vie, cette armée d’où se dressèrent tant de volontés et de courage, tant d’amour de la patrie.

Ravanel fut aussi un homme de courage physique. Animateur des Corps Francs, trois fois arrêté, trois fois évadé, il est, avec vous cher Raymond Aubrac, un chapitre du roman épique de la Résistance.  Cette ardente foi patriotique qui coulait dans ses veines fut parfois source de malentendus.

Il y a bien sûr le rendez-vous manqué avec le général de Gaulle, à Toulouse, le 16 septembre 1944.

Responsable militaire de la région toulousaine, le colonel Ravanel avait tenu à soigneusement aligner ses hommes.  Sanglés dans leurs uniformes de fortune, les rebelles attendaient avec émotion celui qui avait incarné leur lutte durant quatre années.

Ce jour-là, le général de Gaulle feignit de ne pas voir l’idéal qui animait ces hommes. Prévenu par son entourage, il était venu mettre un terme à ce qu’on lui avait décrit comme une dangereuse carmagnole occitane. Ce rendez-vous manqué avec l’homme du 18 juin ne doit pas faire oublier l’œuvre importante accomplie par Ravanel : la libération de Toulouse, le 19 août, le harcèlement et la mise en déroute des troupes d’Occupation, la levée enthousiaste de dizaines de milliers de volontaires et la préparation, avec Jean Cassou puis son successeur Pierre Bertaux, du rétablissement de la République.

Cette mise au pas fut pour Serge Ravanel la source d’une véritable désillusion.

Il y en eut une autre. Serge Ravanel partageait avec ses camarades la volonté de poursuivre au-delà de la Libération l’élan politique de la Résistance. Un espoir était né dans la nuit de l’Occupation. L’idéal de la Résistance devait être le terreau fertile où la République puiserait son renouveau.

Cette rénovation, Serge Ravanel était convaincu que la Résistance devait l’incarner, avec ses hommes et ses idées. De cette mystique qu’avait été le combat clandestin, il voulait faire une politique. A travers le programme du Conseil National de la Résistance, les idées de la Résistance inspirèrent de nombreuses réformes de l’après-guerre.

Serge Ravanel en était fier.  Mais l’élan politique de la Résistance – l’esprit de Résistance comme il le nomma – ne survécut pas véritablement à la Libération.

Serge Ravanel s’en est allé. Il rejoint ses illustres compagnons de lutte, frères d’armes en Résistance. Avec lui, s’éteint l’un des plus purs compagnons de la grande épopée de la Résistance intérieure. Avec lui s’en va une voix exigeante et turbulente, une voix nécessaire.

Serge Ravanel nous laisse en héritage « l’esprit de Résistance » sur lequel nous devons aujourd’hui veiller. Ce testament, il nous appartient de le transmettre aux générations futures, à celles et ceux qui n’ont pas connu la guerre, afin qu’ils ne versent ni dans l’ignorance, ni dans l’oubli.

Discours de Raymond Aubrac

Hôtel national des Invalides, le 5 mai 2009

Ce fut l’une de mes premières rencontres avec Serge Ravanel. Le 15 mars 1943, il y a 66 ans, notre local de la rue de l’Hôtel de Ville, à Lyon, était envahi par la police et transformé en souricière. Maurice Kriegel et moi, nous étions neutralisés sous bonne garde. On sonne à la porte. Un policier ramène Serge au bout de son gros revolver. « Tes Papiers ». La main de Serge sort de sa poche avec une matraque télescopique et la bagarre s’engage. D’autres policiers surgissent. Il se bat avant d’être maîtrisé. Cet homme n’a peur de rien. Comment se construit un des chefs de cette Résistance qui va jouer son rôle dans la libération de notre pays ? Ce n’est pas son passage à l’Ecole polytechnique qui va lui enseigner les règles du combat clandestin. A cette époque, il n’accepte pas la soumission de la patrie, mais il ne connait pas bien les ressources humaines qu’il va falloir mobiliser et n’a pas encore identifié tous les adversaires. C’est un polytechnicien qui écoute le Général Cochet, mais admire et respecte le Maréchal Pétain, le bouclier, et le Général de Gaulle, l’épée. Mais il n’est pas à l’aise avec les images d’Epinal. Pour lui, il faut agir et combattre. On n’attend pas l’avenir, on le prépare. Il apprendra bien plus dans la cellule de la prison Saint-Paul et dans nos discussions entre camarades. « J’apprends à écouter », dit-il. Mais il ne se contente pas d’écouter. Il participe aux débats qui animent les résistants sur les grands choix de la stratégie. Dès son évasion, à laquelle j’ai eu le bonheur de participer, il a choisi ce qu’on appelait « l’action immédiate », qui s’opposait à une résistance organisée pour attendre le « Jour J ». L’action correspond à son tempérament. C’est dans l’action qu’on entraine ses camarades et qu’on contraint l’adversaire à la défensive. Dans la création et la direction des Groupes Francs, Serge Ravanel va déployer ses qualités de meneur d’hommes. Une perception pleine de finesse et de chaleur humaine le met en sympathie directe avec ceux qu’il doit influencer et qui vont le suivre. Optimiste, il distribue l’espoir, l’assurance de gagner. C’est l’optimisme qu’ont partagé tous les résistants y compris tous ceux qui, à Londres, ont rejoint le Général de Gaulle. Les missions qui lui sont offertes le conduiront jusqu’aux responsabilités nationales. Des Groupes Francs du Mouvement Libération, il deviendra le chef des Groupes Francs des Mouvements Unis de Résistance (MUR) avant d’être adoubé par le Conseil National de la Résistance. Il a compris la stratégie du combat clandestin, et il saura l’imposer. Je ne pourrai jamais oublier qu’il est de ceux à qui je dois la vie. Après l’arrestation de Caluire, avec Jean Moulin, dans le scénario conduit par Lucie, il faut attaquer en plein Lyon, en plein jour, un camion de la Gestapo solidement défendu, transportant une quinzaine de prisonniers. C’est le Groupe Franc organisé et entrainé par Serge Ravanel qui réussira l’attaque. Serge lui-même, blessé l’avant-veille en s’évadant d’une arrestation par la feldgendarmerie, n’a pas pu y participer. Mais qui d’autre que lui aurait eu assez d’audace et d’optimisme pour se lancer dans l’aventure ?

Au printemps de 1944, après tant d’actions et d’expériences, il est envoyé à Toulouse chargé d’une mission singulière, une mission qui illustre la manière dont s’établissaient les hiérarchies dans ce qu’on a appelé « l’Armée des Ombres ».  Le responsable de chacun des échelons de commandement ne peut pas être nommé par voie d’autorité par l’échelon supérieur. Il faut qu’il soit choisi pas ses pairs ou accepté par eux. Au mois de mars 1944, alors qu’on sait que le débarquement est proche, il a été impossible de faire accepter dans la région R4, celle de Toulouse, qui groupe 10 départements, un responsable accepté par les maquis, l’armée secrète, les FTP, les groupes francs. Serge est envoyé pour résoudre ce problème : on sait que les combats de la Libération seront nécessairement décentralisés. Après des débats difficiles, les camarades de la région R4 lui demandent à l’unanimité, à lui qui n’est pas candidat, de prendre le commandement. A 24 ans il est nommé colonel par le Général Koenig qui, à Londres, est commandant des Forces Françaises de l’Intérieur. Commander les FFI d’une région, environ 60 000  pendant les combats de la Libération c’est :

– empêcher ou retarder les déplacements de l’ennemi vers les fronts de débarquement,

– organiser la libération des villes et leur défense,

– causer à l’adversaire le plus de pertes possible,

et remplir ces missions dans les conditions de la clandestinité, face à une répression féroce.

Avec des hommes comme Jean Cassou, qui fut blessé, et Jean-Pierre Vernant, Ravanel réussit à coordonner les actions de ses troupes. La région avait elle-même, avec ses propres forces, assuré sa libération. Les FFI capturèrent plus de 10 000 prisonniers. La réussite de Serge Ravanel, c’est la preuve de ses qualités de discernement et de négociation, de sa capacité à conduire une équipe, de son autorité naturelle. Il fut fait Compagnon de la Libération. La visite du Général de Gaulle le 16 septembre fut une déception pour Serge et pour les responsables de la Résistance. Mal informé, le Général s’était mobilisé contre un désordre annoncé, contre un désordre qui n’avait pas eu lieu. Il ne comprenait pas la confiance, l’enthousiasme qui montait vers lui d’une foule bariolée avec ces Espagnols qui combattaient pour la France. Aux FFI qui rêvaient d’une armée nouvelle, il enjoignait de se ranger dans les casernes ou de rentrer chez eux. C’est quatre jours après cette visite que Serge blessé dans un accident de moto, transporté au Val de Grâce, dut mettre fin à ses activités dans la Résistance et dans la Libération. Quelle extraordinaire trajectoire ! Le lycéen plein d’équations différentielles et de géométrie dans l’espace entre à l’Ecole Polytechnique et, moins de cinq ans plus tard le voici conduisant dans les combats des dizaines de milliers de volontaires… C’est un trait de lumière qui nous éblouit encore, dans cette époque si noire. Comment est-ce possible ? Il est vrai que la tragédie de la défaite et de l’occupation nazie a mis en évidence des hommes et des femmes, maintenant disparus, que les évènements ont révélées à eux-mêmes et à nous.

Chez Serge Ravanel, le socle est un patriotisme intransigeant. Il est servi par un courage d’exception, une intelligence en constante alerte, la confiance en soi, et cette qualité de contact humain qui génère l’attachement, la solidarité, la fraternité. Je voudrais ajouter la curiosité qui veut comprendre, et l’optimisme qui incite à entreprendre. Après ces cinq années qui l’ont amené dans l’équipe de tête, le jeune ingénieur, resté modeste, n’a jamais cherché à faire carrière ou fortune. Il va s’établir comme ingénieur consultant, pratiquant les techniques les plus variées. Il a travaillé pour le groupe Dassault, pour l’Institut Pasteur, pour les Ponts et Chaussées. Je l’ai vu construire quelques uns des premiers postes récepteurs de télévision. Au début des années 1980, il entra au cabinet du Ministre de la Recherche, Jean-Pierre Chevènement et participa à l’organisation du Colloque national sur la recherche et la technologie. Mais il a conservé le contact avec ses camarades de Toulouse et de la Résistance. Il savait ce qu’il leur devait, ce que la France leur doit. Il savait combien les jeunes des écoles, des collèges et des lycées écoutent avec passion les récits des anciens, des vieux résistants, des vieux déportés, pour savoir ce que leurs pères ont vécu, et finalement pour savoir qui ils sont. La mémoire entre au patrimoine national. Il faut la conserver, l’analyser, et il faut la mobiliser pour préparer l’avenir.

Serge Ravanel a consacré les vingt dernières années de sa vie, ayant créé l’AERI, l’Association pour des Etudes la Résistance Intérieure, à retrouver pour les transmettre, ce que furent, dans toute la France, les actions, les combats, les souffrances aussi, de ces femmes et de ces hommes. Il s’est employé à communiquer aux jeunes les valeurs qui les animaient, dont la jeunesse est l’héritière. C’est la transmission et le partage du patrimoine, pour préparer l’avenir. Ici Laurence Thibault, Directrice de l’AERI, va nous dire ce qu’a fait Serge Ravanel, dans la seconde partie de sa vie publique, ce qu’il fait encore aujourd’hui et ce que nous continuerons, avec lui. Raymond Aubrac5 mai 2009

Discours de Laurence Thibault

Serge Ravanel disait souvent : « Mes titres de Résistance m’ont fait connaître pour trois raisons : le patriotisme, le désir et le besoin d’actions concrètes, l’esprit d’unité ».

Serge Ravanel avait une mystique de la France héritée de sa mère, venue de Tchécoslovaquie : la France pour la Révolution française et les droits de l’homme, mais aussi pour les encyclopédistes et les savants français comme Curie et Pasteur. Il parlait du génie français.

Il intègre Polytechnique en 1939 et entre dans la Résistance en 1941 à l’âge de 21 ans. Je ne tenterai pas de raconter sa Résistance, les historiens et ses compagnons de route le feraient bien mieux que moi.

Je voudrais juste rappeler les points qui lui tenaient le plus à cœur :

  1. La Résistance, en tous cas dans la zone Sud, a commencé par être civile. Elle a été d’abord le fait d’un petit nombre, puis des organisations qui sont apparues et se sont regroupées en grands mouvements. En zone Sud, la lutte armée n’a été envisagée que bien plus tard et après que les Allemands l’aient occupée.
  1. La Résistance française, lorsqu’on la compare à des résistances qui se sont manifestées dans d’autres pays, est la seule pour laquelle on évoque un Esprit de la Résistance, un Conseil national de la Résistance (CNR) et un programme du CNR.
  2. L’existence du général de Gaulle a joué un rôle essentiel : les diverses tendances de la Résistance se sont ralliées à lui.
  1. Enfin, la Résistance a été un lieu permanent de débats, dominés par un processus d’unification.

Les éléments qui lui semblaient essentiels dans le programme du CNR, dont il parlait souvent, c’était d’abord un appel aux libertés et à la démocratie. C’était aussi l’idée qu’il existe un bien général et qu’il faut le servir. En fait, le programme du CNR proposait une éthique de rigueur morale et de service public, concepts auxquels Serge Ravanel était très attaché.

En résumé, il disait « quand nous résistions, nous fabriquions du futur ».

Plus tard, vers la fin de sa carrière professionnelle, Serge Ravanel revint à la Résistance, pour, notamment, en raviver et en exalter la fraternité, l’unité et les valeurs.

Dans les années 1980, il encourage les travaux du CERRAVHIS (Centre de recherche et de représentation audiovisuelle de l’histoire), créé grâce à la municipalité de Blagnac. Ce Centre réalise divers films sur les résistants et la Résistance.

En 1995, Serge Ravanel écrit un ouvrage de souvenirs, L’Esprit de Résistance. Quelques années plus tard, en 2004, il publie un livre d’entretiens avec Henri Weill sur Les Valeurs de la Résistance, qui lui tiennent tant à cœur. Les valeurs de la Résistance sont encore vivantes aujourd’hui. Elles doivent toujours être retrouvées et renouvelées.

Il participe à des colloques et des débats. Marie-Madeleine Fourcade le fait prendre part aux travaux du CAR (Comité d’Action de la Résistance).

Entre temps, en 1993, il a créé l’AERI avec des personnalités de la Résistance. Parmi celles-ci,  Lucie  (†) et Raymond Aubrac, Jean-Bernard Badaire (†), Jean-Pierre Bloch (†),  Jacques Delarue, Maurice Plantier (†), Hélène Viannay (†)…

Après avoir participé, en 1994, à l’exposition « Ensemble ils ont libéré la France », organisée par le musée de l’Armée dans le cadre du Cinquantenaire de la Libération, l’AERI a mis en chantier, de 1994 à 1997, la première réalisation multimédia consacrée à la Résistance française : le cédérom « La Résistance en France, une épopée de la liberté », réalisé avec l’éditeur électronique Montparnasse Multimédia, sous la direction d’un comité historique présidé par l’historien Laurent Douzou.

Pour Serge Ravanel, la Résistance représente une force qui doit demeurer un symbole et une référence pour servir d’exemple aux générations à venir. Cette épopée a été marquée par le courage des individus et leur capacité à se battre, en dépit des menaces qui pesaient sur eux. Les résistants ont lutté pour des valeurs telles que les droits de l’homme et les libertés, la démocratie, l’indépendance nationale, le refus de tout régime autoritaire. Ils se sont engagés avec un sens poussé du devoir envers la société, dans le refus de la fatalité et de la résignation.

L’AERI travaille pour transmettre cette histoire ainsi que ses valeurs avec principalement :

La réalisation de cédéroms sur la Résistance dans les départements ou régions. Ce travail de mémoire part de l’idée que la Résistance est fondamentalement un phénomène de nature locale. Cette campagne nationale de sauvegarde de la mémoire de la Résistance dans les régions n’a été rendue possible que grâce à la volonté et l’énergie de Serge Ravanel qui a sillonné toute la France avec Monique Montès, pour constituer des équipes locales, chargées de recenser l’histoire et les faits de Résistance dans tous les départements. En dehors de Serge Ravanel, personne ne croyait à ce projet très ambitieux. Et pourtant, à ce jour, 27 départements sont couverts.  Le travail continue avec la participation efficace des équipes et des historiens concernés.

Mais, après ce projet lourd et difficile, Serge Ravanel a initié un autre projet tout aussi important à ses yeux, qui lui tenait beaucoup à cœur : l’action dans les établissements scolaires : « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », dont l’un des objectifs majeurs est de susciter un « engagement actif » de la part d’élèves au cours de leur temps scolaire, de les motiver par un projet citoyen qu’ils choisissent en fonction de leurs propres valeurs et qu’ils mènent à terme.

A ce jour, plus de 15 000 élèves ont participé à cette action.

Sans oublier, la publication d’ouvrages thématiques sur les acteurs de la Résistance, tels que « Les jeunes et la Résistance », « Les femmes et la Résistance »… qui donnent lieu à une collection en développement, en relation avec la Documentation Française.

Pour parvenir au but souhaité, nous avions toujours avec lui de longues réunions de travail, chaque mot était pesé. Tous les détails comptaient.

Serge Ravanel a aussi œuvré en faveur du rapprochement de l’AERI et de la Fondation de la Résistance, dont la complémentarité était à ses yeux évidente, afin que l’histoire de la Résistance intérieure, de ses Acteurs et de ses Valeurs soient  le socle commun d’une période de l’Histoire de France qui serve d’exemple aux générations futures.

Aujourd’hui, grâce à l’énergie et au « souffle » de Serge Ravanel, de tous les résistants et de notre présidente, Michèle Badaire, l’AERI, dans le giron de la Fondation de la Résistance, se sent portée par cette volonté de transmettre l’œuvre de ceux qui ont lutté et de défendre l’héritage de Serge Ravanel.

 

Laurence Thibault

Directrice de l’AERI