LEVASSEUR Raymond

Turma-Vengeance
Front National

Auteur de la fiche : Manuel VALLS-VICENTE avec l'aide précieuse de la famille de Raymond LEVASSEUR

Raymond LEVASSEUR


L’enfance de Raymond Levasseur, né en 1922 à Cailleville (Seine-Maritime), est marquée par le décès précoce de son père, atteint d’un cancer puis par la pauvreté qui frappe ensuite sa famille. Effectuant sa scolarité au petit séminaire puis dans différents établissements catholiques, il trouve refuge auprès d’une famille de fermiers de Beaumont le Roger (Eure) lorsqu’il est appelé pour le STO et entre alors en résistance. Bien que faisant partie du mouvement clandestin communiste du « Front National » il participe également à des actions au sein des mouvements « Résistance » et « Turma Vengeance ». Très discret sur ses actions, il assure notamment la diffusion de journaux clandestins et la cache d’armes.

Arrêté en mai 1944 à proximité de Bourgtheroulde (Eure) par des SS, Raymond Levasseur est conduit à la prison d’Evreux où il parvient à résister aux violents interrogatoires et aux tortures qui lui sont infligés en livrant une histoire inventée de toutes pièces. Il connaît ensuite la prison de Fresnes, où il réussit à lutter contre la sévère angoisse qui l’étreint en nouant des amitiés avec d’autres résistants. La foi lui est également d’un grand secours et l’accompagnera tout au long de sa déportation.

Le 26 juillet 1944, Raymond Levasseur est transféré au camp de Royallieu. C’est le 17 août que débute un terrible voyage en wagon à bestiaux. Durant ce voyage dantesque, de nombreux déportés périssent asphyxiés, déshydratés ou exécutés par les gardiens SS, lorsqu’ils tentent de fuir.

Parvenu à Buchenwald le 21 août, Raymond Levasseur découvre avec effroi le fonctionnement du système concentrationnaire nazi. L’amitié de quelques compagnons l’aide à tenir bon dans ce monde où règne l’arbitraire le plus total. Affecté à la clairière du camp, il y effectue d’harassants travaux de terrassement avant d’être transféré le 13 septembre 1944 au kommando de Neu-Stassfurt. Découvrant à quel point l’angoisse et la faim peuvent transformer les hommes en bêtes, il s’accroche à l’idéal animant les résistants et qui leur permet de survivre dans cet enfer ; à cet idéal s’ajoutent pour lui la prière et les messes clandestines auxquelles il participe au péril de sa vie. Mais le travail exténuant dans les mines de sel conduit progressivement les déportés à se refermer sur eux-mêmes, d’autant plus qu’en cette fin d’année 1944 les SS redoublent de violence, pressentant la fin de la guerre. Le 11 avril 1945, le kommando est évacué. Débute alors une marche de la mort de 366 kilomètres, succession de  journées d’horreur au cours desquelles Raymond Levasseur voit un à un ses amis se faire assassiner ou mourir d’épuisement (sur 300 déportés, seuls 60 survivront). Durant ces interminables journées, il récite ses prières tandis que son camarade Cathygnol, incroyant et plus âgé, répète en boucle le nom de sa femme et de ses enfants. Au retour de déportation, Cathygnol fera baptiser ses enfants et demandera à Raymond Levasseur d’être parrain de l’un d’eux.

C’est le 8 mai 1945 à Goblitz, situé sur la frontière tchécoslovaque, que Raymond Levasseur et son compagnon parviennent à s’évader et sont recueillis par des prisonniers de guerre français. Ensemble ils assistent avec une joie indescriptible à l’arrivée de l’armée Rouge. Parvenus dans la zone contrôlée par les Américains, ils sont durant dix jours hébergés dans un hôtel d’Eisenach mis à la disposition de la Croix-Rouge française. Le 26 mai, Raymond Levasseur débute en camion un voyage qui le conduit le 28 à Paris et quatre jours plus tard chez lui.

Fait exceptionnel et qui lui aurait valu d’être exécuté, il parvient à écrire durant toutes les étapes de sa déportation (en prison, à Buchenwald, à Neu-Stassfurt mais également lors de la marche de la mort). On peut imaginer à quel point l’écriture a pu se montrer salvatrice au sein de cet univers totalement déshumanisé. Sans doute était-il porté par la volonté de témoigner, au nom de ceux qui ne pourraient le faire.

A son retour des camps, Raymond Levasseur ne tarde pas à reconstruire sa vie en faisant preuve d’une impressionnante aptitude à la résilience. Journaliste à « L’écho de Passy » puis au « Républicain de l’Eure », il y narre en différents épisodes le récit de sa déportation qui sera publié à compte d’auteur sous le titre « Les loups de Germanie », en 1948. Il aménage ensuite à Paris, où il obtient sa licence de droit. Marié en 1948,  quatre filles et un garçon naîtront de cette union. Devenu inspecteur des impôts, il exerce cette profession jusqu’à ce qu’on lui propose la conservation des hypothèques de Nanterre puis de Lisieux et St Quentin.

En parallèle de sa vie familiale et professionnelle, il contribue largement  à la fondation de l’Amicale des Déportés de Buchenwald, Kommando de Neu-Stassfurt dont il fut un membre actif jusqu’à la fin de sa vie, la considérant comme sa « seconde famille ».

Raymond Levasseur est décédé en 1982, à l’âge de 60 ans. A sa mort, les déportés de l’Amicale ont déposé sur sa tombe une plaque portant l’inscription « Raymond tu as su tisser les liens qui nous unissent ».

Il a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur et a reçu la Croix de Guerre pour ses actions de résistance.


Cliquez ici pour découvrir le site de l’ « Association Raymond Levasseur ». Vous pourrez ainsi en savoir plus sur ce déporté-résistant et l’action menée par ses enfants et petits-enfants en faveur de sa mémoire.

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-Découvrez également son ouvrage « Les Loups de Germanie » (dont notre association a fait le compte-rendu de lecture) ainsi que son «  Journal de Déportation » publié pour la première fois en 2013. L’ouvrage est préfacé par Raphaël Mallard, Résistant-Déporté et camarade de Raymond Levasseur, lui-même auteur du livre « Avec le dernier convoi pour Buchenwald ».

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