Roubenne Madeleine

Auteur de la fiche : Marc Fineltin

Madeleine Roubenne

Madeleine Roubenne fut l’une des très rares femmes à avoir accou­ché à Ravensbrück (Allemagne) d’un bébé qui a survécu, s’est éteinte mardi 19 juin à Paris, à l’âge de 88 ansParis (Xe°’ arrdt), Madeleine Llusca-Guignard était la fille unique d’une famille dont les parents tenaient un magasin de porcelaine. Jeune mariée, elle avait rejoint, dès 1942, avec son mari Jean Aylmer, l’Organisation civile et militaire (OCM), créée dès décembre 1940, l’un des plus importants réseaux de la Résis­tance. Agent Pl (travaillant en permanence pour la Résistance) avec le grade de sous-lieutenant, elle avait effectué de nombreuses missions dangereuses.

Dénoncé, le couple fut arrêté en 1944 par la Milice et livré à la Gestapo. Séparée de son époux, la jeune femme fut incar­cérée à Fresnes (Val-de-Marne), où elle fut durement interrogée sans livrer aucun renseigne­ment susceptible de mettre en danger ses camarades. Condam­née à la déportation en août 1944, elle fut d’abord conduite au camp du Struthof (Bas-Rhin), puis déportée à Ravensbrück (Allemiagne), le camp de concentration réservée aux femmes de toute l’Europe occu­pée. C’est dans ce camp, et dans des conditions particulièrement éprouvantes, qu’elle mit au monde, le 21 mars 1945, sa fille aînée Sylvie. Selon les spécia­listes, seuls trois enfants nés de mère française à Ravensbrück ont survécu.

Libérée le 28 avril par l’arrivée de l’Armée rouge, Madeleine Aylmer fut rapatriée avec sa fille par la Croix-Rouge en Suède, puis à Paris. Son mari, déporté à Dora-Nordhausen, n’en revint pas. Elle avait raconté son expérience de déportée à Ravens­brück dans J’ai donné la vie dans un camp de la mort, paru en 1999 aux éditions J’ai lu.

Après la guerre, et jusqu’à sa retraite, Madeleine Aylmer avait travaillé comme secrétaire au ministère de l’Education natio­nale. Remariée en 1948 avec Roger Roubenne, un homme d’affaires proche du PCF, elle était la mère de trois filles et d’un garçon. Elle est décédée le 19 juin à l’Institution nationale des Invalides (INI) à Paris, où elle résidait depuis 2003. Ses obsèques y ont été célébrées en la cathédrale Saint-Louis le 22 juin, en présence, aux côtés de sa fille Sylvie, des deux autres personnes nées à Ravensbrück.

Madeleine Roubenne était officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme, de la Médaille de la Résistance et de la Croix de combattant volon­taire de la Résistance.