LE BOZEC Arsène, Pierre, Marie

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LE BOZEC Arsène, Pierre, Marie

LE BOZEC Arsène, Pierre, Marie est né le 7 juin 1918 à Trébrivan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), fusillé le 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; carrier ; FTP.

Son père Auguste Le Bozec, cultivateur, épousa Marie, Modeste Lallauret, ménagère.

Arsène Le Bozec, carrier de métier, se maria à Simone Le Yoncourt le 25 septembre 1942. Le couple demeurait en 1944 au lieu dit Lann-Kerguilly en Trébrivan.

Arsène Le Bozec intégra un groupe de FTP organisé autour de François Prigent, important cadre du PC clandestin.

Le groupe, repéré à la suite d’une attaque contre un commerçant de Saint-Nicodème (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), également maire de la commune, le 6 janvier 1944, fut interpellé le soir à Trébrivan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) par l’inspecteur de la police de sûreté de Rennes Pierre Le Chanu, qui fut exécuté le 5 août 1944, le lendemain de la libération de Saint-Brieuc, et l’adjudant de la gendarmerie de Callac-de-Bretagne, Prigent, qui les livrèrent aux Allemands.

Arsène Le Bozec, Jean Pleiber et Maurice Lagadec, qui se trouvaient au moment de leur arrestation avec des jeunes filles de la région, se rendirent sans combat.

Emprisonné à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Après avoir été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l’ouest du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de mort par la Cour martiale du Tribunal de la Feldkommandantur 665 à Saint-Brieuc « comme franc-tireur ».

Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, chantèrent La Marseillaise et L’Internationale et d’autres chants repris par d’autres patriotes également détenus.

Durant leur transfert sur le lieu d’exécution des témoins les entendirent chanter de nouveau. Les autorités allemandes exécutèrent Arsène Le Bozec avec ses onze camarades Marcel Bitaille, Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber, François Prigent et Roger Quintric le 6 mai 1944 au camp de manoeuvre des Croix en Ploufragan, par groupes de quatre entre 7h10 et 7h31. Dans l’après-midi vers 17h un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit.

Les dix neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Le décès d’Arsène Le Bozec fut constaté par un médecin allemand à 7h31, il avait 26 ans.

Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait qu’elles furent annoncées par la presse régionale de Vichy mit en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation escomptaient donner à l’événement.

Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument.

Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès FTP, tous les trois originaires de Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de LHermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ».

Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine. Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui d’Arsène Le Bozec, fit le nécessaire pour les rapatrier dans les localités respectives.

Le nom d’Arsène Le Bozec figure sur le monument des dix-neuf fusillés au camp de manoeuvre des Croix en Ploufragan, sur le monument des fusillés et massacrés de l’Hermitage-Lorge, lieu à proximité duquel furent découverts les corps et sur le monument de la Résistance et de la Déportation, au lieu-dit La Pie en Paule (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Commentaire de l’auteur

Sources : -Archives dép. Côtes d’Armor, 2W112 ; archives de l’ANACR-22. – Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord 11920-19451, Saint-Brieuc, 2000 ; Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord 11940-1944), Les lieux de mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans tes Côtes-du-Nord, n°10, 2004 et n°11, 2005. -Témoignage d’Armand Tilly. -Relevé en novembre 2012 sur le cahier N°12 de mai 2011 du comité de la Résistance populaire dans les Côtes du Nord