BARBÉ Roger, Pierre, Auguste

CND (Confrérie Notre-Dame) Castille

Auteur de la fiche : Alain Prigent & Serge Till - Sources : -Archives dép. Côtes d'Armor 68J9, 2W76, 2W236. -Serge Tilly, L'occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°10, 2004 et n°11, 2005. -Témoignage écrit d'Eugène Le Bell remis à Corentin André, responsable de CANACR-22. -Articles Le Trégor, Le Télégramme. Pris en novembre 2012 sur le cahier N°12 de mai 2011 du comité de la Résistance populaire dans les Côtes du Nord

BARBÉ Roger, Pierre, Auguste

Né le 30 juillet 1920 à Saint-Glen (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), fusillé le 4 octobre 1941 à Rennes (Ille-et-Vilaine( ; militaire de carrière ; résistant, membre du réseau CND Castille. Son père Albert, Jean, Marie Barbé, bourrelier, épousa Augustine, Marie, Françoise Coûté, ménagère. Enfant de troupe de l’École Nationale d’Autun (Saône-et-Loire), Roger Barbé fut affecté au 32e régiment d’artillerie divisionnaire (RAD) à Vincennes (Seine ; Val-de-Marne). Fait prisonnier, il s’évada et revint à Lannion le 15 juillet 1940, habitant rue de Tréguier avec sa mère qui travaillait à la Poste de Lannion (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Dès son retour il constitua avec Maurice Robert, un autre évadé, le premier groupe de Résistance connu dans la région de Lannion sous le nom du groupe Roger Barbé – Maurice Robert. Ce groupe d’une dizaine. de personnes, en liaison avec le réseau Confrérie Notre-Dame Castille en cours de formation à l’automne 1940, avait réussi à embaucher un certain nombre de ses membres au camp d’aviation de Servel-en-Lannion occupé par l’armée allemande. Les 28 et 29 décembre 1940, sur dénonciation, le groupe entier fut arrêté. Madame Augustine Le Nair chez qui se tinrent les réunions du groupe, à Ploulec’h (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), hébergeait le prisonnier de guerre évadé Maurice Robert. Le dimanche 29 décembre 1940 à 21h, Roger Barbé fut arrêté au lieu-dit Pen-ar-Stang en Buhulien (Côtes-du-Nord) près de Lannion chez Monsieur Tanguy où il assistait à une soirée de noces. Lors de l’interrogatoire à Lannion le capitaine allemand Hermann dit aux membres du groupe : « vous avez joué la carte anglaise et vous avez perdu. Nous vous estimons, soyez beaux joueurs. Quant à Levavasseur et Dubourg, nous nous en servons sans les estimer. Ils ont touché 100 000 franc pour l’opération. Le 30 décembre à 8h du matin, le groupe, transféré en camion, fut incarcéré à la maison d’arrêt de Pontaniou à Brest (Finistère), à l’intérieur de l’arsenal de la base marine, appelée également bâtiment de la Madeleine. Roger Barbé fut transporté seul dans une voiture, encadré par trois Allemands. Le 17 mars 1941 les membres du groupe furent transférés à la prison du Bouguen à Brest. Le 12 avril 1941 ils furent jugés devant la cour martiale de la Luftwaffe, siégeant à l’Hôtel du commerce de Brest. ,Roger Barbé, Jean Jolivet, Lucien Brout, Eugène Le Bell, Pierre Le Roux et Hyacinthe Thétiot furent condamnés à la peine de mort pour espionnage et complot gaulliste. François Querrec et Madame Le Le Nair furent condamnés aux travaux forcés. Devant le tribunal stupéfait, les condamnés chantèrent La Marseillaise. François Chapelain, seul acquitté faute de preuves, rentra chez lui à Ploubezre (Côtes-du-Nord – Côtes d’Armor) à pied, parcourant les cent kilomètres en sabots de bois, les pieds en sang. Maurice Robert, dont le cas fut disjoint, fut transféré à la maison d’arrêt de Fresnes. La prison du Bouguenn ayant subi un bombardement de l’aviation alliée le 6 juillet 1941, à 2h du matin, Barbé et ses camarades furent transférés à la maison d’arrêt Jacques Cartier à Rennes le 9 juillet 1941. Le 4 octobre 1941 à 6h30 du matin les Allemands vinrent chercher Roger Barbé dans sa cellule. Eugène Le Bel et d’autres détenus chantèrent Ce n’est qu’un au revoir et La Marseillaise. L’abbé Coignard, aumônier à la prison Jacques Cartier de Rennes, fit le récit de son exécution : « Au matin du 4 octobre 1941, j’ai réveillé Roger Barbé. Il comprit aussitôt et me dit « Je suis prêt ». Après une messe que je prolongeais, on nous fit monter dans une voiture qui nous amena au dernier stand de tir de La Courrouze, derrière La Prévalaye. Voyant mon émotion Roger Barbé me dit : « Oh, monsieur l’aumônier, ne vous en faites pas, je suis content, moi, de mourir pour la France ». « En arrivant sur le terrain il s’écria : je vais leur en pousser une, moi, de Marseillaise ! ». « Il chanta d’une voix mâle et fière. Pour son exécution les Allemands déployèrent une force de plus de 200 hommes. Il tomba sous les balles des nazis à 8 heures du matin, il avait 21 ans ». Deux jours plus tard, les six autres condamnés à mort apprirent que leur peine avait été commuée en Internement à perpétuité. Le 9 octobre 1941, ils furent transférés à la prison de Fresnes (Seine ; Val-de-Marne). Puis le 16 octobre 1941, ils furent incarcérés en Allemagne en forteresse dans des maisons de réclusion à Rheinbach, près de Bonn et à Siegburg.  Maurice Robert fut jugé et condamné à la peine de mort puis fusillé au Mont-Valérien à Suresnes le 22 décembre 1941. A la suite de l’exécution de Barbé des affiches écrites en allemand et en français furent placardées par tes d’occupation dans toutes les communes de Bretagne. Roger Barbé, Maurice Robert et leurs huit camarades furent des pionniers de la Résistance en Bretagne. Après la guerre, un des dénonciateurs, Maurice Dubourg, fut jugé et condamné à la peine de mort par contumace et à la confiscation de tous ses biens par la cour de Justice de Rennes (Ille-et-Vilaine). A la Libération le corps de Roger Barbé fut inhumé au cimetière de Lannion. Sur sa sépulture furent placées deux plaques en marbre lui rendant hommage. Son nom figure sur le monument du camp de La Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande (gravé par erreur Robert Barbé). La place de sa commune natale, Saint-Gien, porte son nom. Une rue de Lannion porte le nom de « rue de la compagnie Roger Barbé ».