BADIER Fernand, Jacques Constant

F.T.P.

Auteur de la fiche : Alain Prigent & Serge Till Sources : -Archives dép. Côtes d'Armor 2W85. -L'Ouest-Eclair, 26 avril 1944. -Etat-civil précisé par ta mairie de Saint-Brieuc. -Témoignage de La soeur de Fernand Badier, Mme Marie-Thérèse Petit recueilli en février 2011 à Ploumagoar (Côtes d'Armor). Pris en novembre 2012 sur le cahier N°12 de mai 2011 du comité de la Résistance populaire dans les Côtes du Nord

BADIER Fernand, Jacques Constant

Né le 14 avril 1924 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), fusillé le 22 juin 1944 à Condé-sur-Sarthe (Orne) ; employé de commerce ; FTP. Son père Joseph, Henri Badier né en 1902 à Guingamp (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), boulanger, épousa Madelaine Le Maout née en 1902 à Guingamp. Le couple demeurait rue Marcellin Berthelot dans le quartier Saint-Sébastien à Guingamp. Fernand Badier obtint son certificat d’études primaires et travailla comme employé de commerce au magasin les « Dames de France » à Guingamp. Il était en relation avec plusieurs FTP de la région de Guingamp : Charles Queillé, Charles Le Gallou, Yves Le Moigne, Francis Turquis. Le 28 décembre 1943, un groupe armé de FTP composé de Fernand Badier, Raoul Le Moigne, Pierre Le Moigne et Armand Le Roux, s’empara des tickets d’alimentation à la mairie de Quintin (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Après l’opération le groupe réussit à prendre la fuite. Recherché, Fernand Badier quitta le domicile familial de Guingamp pour rejoindre Gilbert François, un ami normand, domicilié à Damigny près d’Alençon (Orne). Ils firent partie du maquis de Vrigny au sud d’Argentan (Orne) qui échappa à une rafle les 4 et 5 mars 1944. Le 20 avril 1944, vers 12h30, au retour d’une mission, alors qu’ils circulaient à bicyclette, les deux jeunes gens furent interpellés à Joué-du-Bois (Orne), par trois gendarmes de Rânes (Orne), lors d’un banal contrôle. Au moment où ceux-ci s’apprêtèrent à procéder à la vérification des cartes d’identité, Fernand Badier porta la main sous son aisselle gauche et saisit son automatique 7.65. Il fut aussitôt maîtrisé par deux gendarmes tandis que leur collègue tint en respect avec son arme Gilbert François qui tenta d’esquisser un geste en direction de son porte-bagages. Dans une couverture roulée et fixée sur le porte-bagages, les gendarmes saisirent un pistolet-mitrailleur Sten démonté ainsi que deux chargeurs garnis. Gilbert François fut trouvé porteur d’une fausse carte d’identité au nom de Pierre Papillon. En fouillant Fernand Badier, les gendarmes découvrirent en sa possession deux fausses cartes d’identité au nom de Jacques Delormy, étudiant à Alençon, et de Jacques Lannaire, domicilié à Tru (Orne). Sur ordre du capitaine Laplanche, les deux jeunes gens furent conduits à Argentan (Orne) puis incarcérés à la maison d’arrêt au terme d’un premier interrogatoire. Laplanche rendit immédiatement compte par téléphone à son commandant de compagnie avant d’établir son rapport en deux exemplaires destinés à sa hiérarchie et aux autorités allemandes, « selon les instructions en vigueur ». Le lendemain, la Gestapo s’empara de Gilbert François et de Fernand Badier qui furent condamnés à la peine de mort et fusillés le 22 juin 1944 à 17h00 à Condé-sur-Sarthe (Orne) avec 2 autres camarades du maquis de Trun, à la carrière de la Galochère, sous l’inculpation de « Franc-Tireur ». Fernand Badier avait 20 ans. À la suite de cette arrestation, les trois gendarmes firent l’objet d’une proposition de récompense et obtinrent chacun une gratification de cinq cents francs. Fin août 1944, il fut procédé à l’exhumation des corps dans cette carrière où quinze résistants du maquis de Courcerault (Orne) furent également fusillés. Gilbert François et Fernand Badier furent doublement identifiés par la petite médaille de Sainte-Thérèse que Mme François leur avait fait passer à la prison et qu’ils portèrent à l’intérieur de leur chemise. Le nom de Fernand Badier figure sur la stèle de la Galochère à Condé-sur-Sarthe avec 18 autres fusillés, sur une plaque du stade Charles de Blois, rue du Maréchal Joffre à Guingamp.