Tant qu’il y aura des étoiles

Par Pierre Hentic   Auteur : Pierre Hentic    Éditions : Editions Maho (juin 2009

Pierre Hentic a tout au long de sa vie rédigé ses mémoires, rassemblées grâce ses enfants : elles sont aujourd’hui publiées aux éditions Maho. (Maho avait été le nom de code de l’auteur pendant la Résistance). Au travers de ses écrits Pierre Hentic, apparaît comme un homme volontaire, de caractère entier, fraternel, humain et ajouterait, sans doute Alya Aglan qui a préfacée cet ouvrage et qui l’a bien connu « entièrement tournée vers les autres ». A la lecture de ses souvenirs Maho était de toute évidence un enthousiaste, entraîneur d’hommes et d’un grand courage. Il était né à la fin de la première grande tragédie du siècle : la Grande Guerre, pour ce retrouver pupille de la nation  » …à seize ans seul au monde…  » et passé sa jeunesse confrontée aux violences sociales, à la crise économique de l’entre-deux guerres, à la montée des fascismes et des totalitarismes. Très tôt sa  » sympathie  » affichée pour la cause ouvrière lui fera rejoindre le Parti communiste, et participera aux manifestations et aux affrontements qui dans le « Paris des années 193-1935 » mettaient au prise les militants des ligues à ceux des partis de gauche. En 1940, après un service militaire chez les chasseurs alpins, il participe brillamment à l’expédition de Norvège, mais le 17 juin 1940 de retour en France, le visage de la débâcle puis l’idée d’être prisonnier l’insupporte. Après avoir été démobilisé, à Paris il retrouve Claude Lamirault dont il avait fait la connaissance à la rude école des chasseurs alpins. De cette rencontre entre ce fils de bourgeois militant à l’Action française, semble-t-il proche de la Cagoule, et l’ex-compagnon de route des jeunesses communistes naîtra Jade-Fitzroy,  » ….nous avions conclu la paix et étions devenus bons amis « , l’un des réseaux de l’Intelligence Service dont Pierre Hentic sera l’une des figures marquantes. Agent de liaison, d’abord aux premiers pas malhabiles, perpétuellement sur le qui-vive, nouant petit à petit les maillons d’une chaîne de solidarité qui permettra au réseau d’accomplir son travail dans la recherche du renseignement. Une première fois arrêté il s’évade, et reprend le combat clandestin au cours duquel il aide nombre de femmes et d’homme à rejoindre Londres, comme il le fit avec Pierre Dac. Après avoir reçu en Angleterre une formation de chef des opérations aériennes et maritimes, de retour en France il est chargé d’organiser des atterrissages clandestins d’avions, d’exfiltrer les pilotes alliés abattus et en Bretagne des liaisons maritimes avec la Grande-Bretagne. En février 1944 c’est l’arrestation, deux mois après celle de Claude Lamirault. Si il échappe à la torture, il n’échappera pas au chemin qui le conduit de Fresnes à Compiègne, puis à Dachau où il devient le matricule 72 637. Long voyage vers l’enfer où la sueur, le sang, le typhus et le terrible hiver 1944 ’ 1945 peuplent le quotidien des Déportés. C’est en en avril 1945 qu’il est libéré pour retrouver Paris le 10 mai 1945. Ce livre n’est pas une étude historique du réseau Jade-Fitzroy. C’est le témoignage d’une très belle figure de la Résistance. Témoignage précieux et passionnant, écrit avec  » sérieux et burlesque « , qui grâce aussi à une écriture imagée, plonge le lecteur à la fois dans la vie des Français  » sous la botte allemande  » et dans la quotidienneté d’un Résistant. Quotidien de l’angoisse, de la peur, de la tension permanente de la vie clandestine mais aussi de la fraternité et du rêve des jours meilleurs qu’habitait ces femmes et ces hommes.  » Tant qu’il y aura des étoiles  » pour mieux se repérer avec la lueur de ces astres dans nuit noire, compagne des longue attente près du terrain où doit atterrir l’avion……Lueurs des Étoiles de l’espérance qui brillent dans la nuit noire de l’occupation annonciatrices de la Liberté enfin retrouvée.

Préface de Madame Alya Aglan