Résister – Les archives intimes des combattants de l’ombre

Par Guillaume Piketty   Auteur : Guillaume Piketty    Éditions : Éditions Textuel 2011

Dans le dernier livre qu’il vient de publier aux Editions Textuel, préfacé par Raymond Aubrac, « Résister – Les archives intimes de l’ombre » Guillaume Piketty invite le lecteur à suivre les témoignages de trente-trois acteurs emblématiques de la Résistance évoquer les raisons qui les ont conduits à entrer dans la résistance à l’occupant Allemand et à ses séides. Au travers de leurs correspondances, de leurs journaux personnels et de leurs ouvrages : Charles d’Aragon, Pierre Brossolette, Agnès Humbert, Louis Martin-Chauffier, Jean-Pierre Vernant, Germaine Tillon, Jacques Bingen, Claude Bourdet, Alban Vistel et bien d’autres… évoquent à tour de rôle leurs interrogations, leurs sentiments et leurs expériences souvent intimes de leur parcours dans la lutte clandestine depuis leur refus originel jusqu’à leur fierté d’avoir participer à l’un des « chapitres majeurs de l’histoire de France ».

Riche d’une très belle iconographie, ces pages racontent le vécu des résistants. Elles racontent la colère, l’écoeurement devant le désastre de mai juin 40 et l’humiliation que ressentirent à cette « capitulation sans excuse » ces femmes et ces hommes. Elles montrent comment très tôt et très vite, au fil des jours, la colère des pionniers de la Résistance monta à la vue des compromissions vichystes et des spoliations de l’occupant et déboucha sur les premiers actes de résistance. Les documents rassemblés – écrits et lettres – accompagnés de photos émouvantes montrent comment s’opposèrent et s’organisèrent ces premiers tenants « du non intransigeant » – suivant le beau mot d’Alban Vistel – avec pour seule compagne, suivant Charles d’Aragon « …cette poignante solitude et la pensée qui sans cesse travail à vide, dans le silence…. ». Les correspondances présentées traduisent bien l’angoisse, la tension permanente et la peur aussi de ces combattants de l’ombre devant l’impitoyable répression qui peuplait leur quotidienneté. Les tracts et les journaux clandestins soulignent l’importance de la lutte contre la propagande vichyste, collaborationniste et nazie qui fut l’une des grandes activités de ces «  désobéissants » pour rendre confiance aux Français et les mobiliser contre l’occupant. Combien aussi au travers de tous ces écrits l’exaltation aux combats collectifs et la fraternité ont-elle été présentes vis-à-vis de leurs compagnons arrêtés, torturés et déportés et aussi envers ceux qui souffraient dans l’univers concentrationnaire.

Si la résistance, sous l’égide de la France Libre, devait tendre à l’union pour triompher, son parcours connu bien des embûches et des heurts comme le montrent des rapports et les lettres reproduites ici de Jean Moulin, Pierre Brossolette ou Pascal Copeau.

Sûr de leur victoire et pour « profiter du grand soleil de la Libération » ces femmes et ces hommes se préoccupèrent très tôt de l’héritage qu’ils allaient laisser de leur épopée, comme le démontrent leurs réflexions publiées dans de nombreux bulletins ou journaux. Ils tracèrent ainsi les chemins qui devaient faire revivre les valeurs pour lesquelles ils s’étaient battus.

Il faut remercier l’auteur, « de ce très original ouvrage » comme le qualifie dans sa préface Raymond Aubrac, d’avoir su choisir, ordonnancer, expliquer ces lettres, ces écrits, ces journaux, ces photographies et puis de s’être effacé pour laisser parler « ces femmes et ces hommes de toutes origines qui surent s’élever au-dessus d’eux mêmes avant d’aller au bout de leur courage ».

Un clin d’œil en forme de remerciement à toutes les familles des résistants et les nombreux archivistes des Fondations et musées de la Résistance qui ont permis de publier cette histoire vivante de la Résistance