La Résistance oblitérée – Sa mémoire gravée par les timbres

Par Laurent Douzou & Jean Novosseloff   Auteur : Laurent Douzou & Jean Novosseloff    Éditions : Editions le Félin

Cet ouvrage, n’est pas une histoire de la Résistance mais bien une étude de sa mémoire telle que l’émission des timbres commémoratifs la donne à voir. De la Libération à nos jours. La célébration de la Résistance ne fut, nullement constante et connut même de frappantes sautes d’intensité. La chronologie que dessinent les « vignettes postales » n’est aucunement conforme à ce qui est habituellement dit et écrit à propos de la mémoire de la Résistance : d’où l’originalité novatrice de ce projet.

Si le premier timbre qui honora la Résistance vit le jour en 1947, dix années s’écoulèrent avant que la Résistance retrouve place dans l’abondante production des timbres commémoratifs. Décidée dans son principe en 1956, mise en œuvre en 1957, la première série des héros de la Résistance mit un terme à une traversée du désert qui mérite réflexion.

C’est la quatrième République finissante qui, par la volonté d’un ministre socialiste, renoua avec la célébration postale de la mémoire de la Résistance. Ce sont des héros, des personnalités d’exception, parfois méconnues et ou oubliée aujourd’hui, qui furent choisies pour illustrer l’hommage rendu au combat clandestin. Cette dimension élitiste manifeste fut confirmée par le choix opéré pour la série dévolue aux lieux de la Résistance qui suivit celle des héros : l’île de Sein, le Vercors, le Mont Valérien désignaient bien des îlots de courage auxquels la France dans son ensemble ne pouvait penser s’identifier.

Après le départ du général de Gaulle du pouvoir en 1969, la Résistance et la Déportation retrouva l’étiage qu’elle avait continuellement connu à l’exception de l’embellie des séries des héros. Significativement, Diego Brosset et Charles Delestraint et quelques autres furent bien honorés par des timbres dédiés à chacun mais cette distinction ne leur fut attribuée que dans des classiques et anonymes « série des célébrités ».

Au fond, depuis la Libération, la Résistance et la Déportation ont été chichement célébrées par les timbres, avec de longues éclipses. À sa manière, la politique d’Etat conduite pour les émissions de timbres aura vérifié la difficulté extrême de trouver le registre approprié pour évoquer la mémoire de la Résistance et de la Déportation . Comment transposer en images simples ce qu’avait été la réalité cachée de l’univers de la lutte clandestine ?

C’est l’objet de ce projet illustré et pédagogique que d’analyser plus d’une centaine de « vignettes postales » et donc les «images » que les Postes Françaises – donc l’Etat – ont émis pour commémorer la Résistance et la Déportation. Les auteurs ont eu accès aux archives postales, aux maquettes et projets dont sont issus les timbres et aux diverses et variées demandes d’émissions postales venues de tous les horizons.

Projet original, novateur, pédagogique et illustré tourné vers un large public d’amateur passionné par la mémoire d’années glorieuses de notre histoire : celles de la Résistance