Mémoires – l’Aurore vient du fond du ciel –

Par Maurice Druon   Auteur : Maurice Druon    Éditions : Plon – Éditions de Fallois

Maurice Druon né au son du canon de « la grosse Bertha »  en avril 1918, vient de publier le premier tome de ses mémoires « L’Aurore vient du fond du ciel » aux Editions du Fallois, chez Plon. A la recherche de quelques lointains descendants, venus des quatre points cardinaux, « à travers qui ma vie vint à l’existence » offre au lecteur, dans les premiers chapitres de son livre, quelques merveilleux et extravagants portraits d’aventureux gentilshommes, conquistadors à la recherche d’or, et aussi de lettrés comme les frères Gros qui côtoyèrent tous les noms qui peuplent les anthologies littéraires. Un demi-siècle plus tard, il était naturel que Louis Pasteur Valléry-Radot dans la réponse, qu’il faisait au discours du récipiendaire Maurice Druon, nouvel académicien, déclare : « …A dix ans vous pensiez déjà à l’Académie française. » Une autre et lointaine descendance venue de l’autre bout de L’Europe « …de Juifs des steppes, qui étaient en fait des Khazars convertis… », marquera la vie du futur immortel qui apprendra à 18 ans, que son « son géniteur », Lazare Kessel, s’était tiré une balle dans le cœur. « Je suis né dans un monde ; je disparaîtrai dans un autre tout différent… », écrit Maurice Druon qui peint dans un style simple, coloré et un peu nostalgique son enfance, qui se déroule dans une France à peine sortie du 19 ème . Ce sont des tableaux de la « France d’autrefois » qui défile sous nos yeux, ceux des villages du temps des moulins, des routes où se croisaient les charrettes à bras et où le soir, près de la grande cheminée on faisait la lecture à haute voix. C’est son père adoptif, René Druon un notable du Nord dont il parle avec beaucoup de tendresse, qui accompagne son adolescence marquée par les crises de la fin des années 20 et la ruine de ses parents. Après des études « impatientes », un prix au concours général, des rencontres dans la maison du poète Fernand Gregh, dont il épousa la fille, arrive le temps des orages et des drames. C’est avec l’oncle aimé et admiré, Joseph Kessel ou le « dionysiaque héracléen » dont il trace un extraordinaire portrait, qu’il assiste à la montée du fascisme et à l’abdication des démocraties. Année 39 : que pouvait faire un écrivain débutant de vingt ans, qui n’avait pas de tribune ? Maurice Druon choisit d’écrire une pièce, qui fut, très peu jouée, mais qui se voulait un acte civique: « Mégarée. » – (Mégarée fille d’Œdipe et redresseuse de tous les torts de la cité !) –. La première représentation de cette pièce aura lieu à Monte-Carlo le 3 février 1942. et s’inscrit comme un acte de résistance contre Vichy et l’occupant.

Dans ce premier volume apparaît en filigrane le futur académicien pétrit de culture, écrivain des «  Grandes Familles » et des « Rois Maudits » dont quelques uns des personnages sont nés de ses rencontres d’adolescent. Dans le second volume à paraître on devrait retrouver le grand résistant auteur du « Chant des Partisans », le politique intransigeant habité par l’amour de la France : celui pour qui le chemin fut toujours celui de l’honneur.