Mémoire Vive « La semaine des quatre jeudis »

Par Michel-Antoine Burnier   Auteur : Michel-Antoine Burnier    Éditions : Édition du Féllin

Emmanuel d’Astier de la Vigerie avait écrit l’histoire de sa vie dans la Résistance dans un ouvrage paru en 1947 aux Editions de Minuit : « Sept fois sept jours ». Aujourd’hui, Michel-Antoine Burnier, qui fut l’un de ses plus proches collaborateurs, publie aux éditions du Félin sous le titre « La semaine des quatre jeudis » des écrits inédits, que le fondateur du mouvement Libération Sud rédigea entre 1968 et 1969. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une suite des mémoires de cette charismatique figure de la Résistance que fut d’Astier de la Vigerie. Les textes publiés sont plutôt, les réflexions d’un homme de nature révolté, éternel contestataire, qui avait gardé de ces années de fraternité clandestine le rêve : « comme des petits Rousseau d’une semaine des quatre jeudis, d’une démocratie économique et sociale, d’un programme qui portait un titre : les jours heureux  ». Ce livre est en trois parties. La première commence après mai juin 1947, « quand les choses qui se sont faites se défont », est le récit de son voyage enthousiaste dans la citadelle communiste à la recherche d’un idéal social et humain : « Il n’y a pas de jamais : tout est permis tout est promis »…Il en reviendra…, progressiste comme il l’était, mais jamais candide : …du manifeste de la paix de Stockholm, …des révélations du 20ème congrès du P.C…. de la révolte de Budapest…etc. La seconde partie est le regard, empreint de tendresse et de l’intérêt qu’il portait, en moraliste, à la jeunesse de mai juin 1958 en mal de révolte. Mai 1958 : « il fallait du commandement . » et avec le retour de Charles de Gaulle, Emmanuel d’Astier retrouve le « Symbole » qu’il avait rencontré vingt-cinq ans plutôt à Londres et dont la pensée et l’action, malgré leurs différents ne l’avaient jamais véritablement quitté. Dans cette seconde partie il porte un jugement sans appel sur cette IV°République finissante et caricaturale et brosse, souvent au vitriol, quelques savoureux et ironiques portraits des experts in partibus qui la peuplaient comme Soustelle, Chaban Delmas, Lacoste, Bidault…etc. A l’inverse il réserve toute sa bienveillance à ses électeurs de l’Île et Vilaine dont il sera un temps leur député. Deux visages et un acte sont présents et apparaissent en filigrane tout au long de ses écrits : celui de Louba l’épouse bien aimée et celui du général De Gaulle « Le Symbole », quant à l’acte : il est celui de la Résistance et de son idéal. La troisième partie du livre est une belle et courte biographie, écrite par Michel-Antoine Burnier qui y relate, admiratif et passionné, avec de multiples scènes et anecdotes la vie menée, tambour battant, par d’Astier au cours de la IV° et au début de la V° République. Parcours marqué comme député et homme politique mais aussi et surtout par le patron de presse qu’il fut à la tête du quotidien Libération de 1944 à 1964, puis du mensuel l’Evénement qu’il créa en février 1966. Cette belle aventure fut le fruit d’une équipe brillante, où se retrouveront la plupart des grands noms de la presse d’aujourd’hui et qui s’arrêta après la publication de 36 numéros en juin 1969 mois où disparut son créateur. La sortie de « La semaine de quatre jeudi », précédée d’une préface de Michel-Antoine Burnier et de Bernard Kouchner qui ne laisse pas insensible, vient fort à propos éclairer et compléter l’histoire du parcours dans la Résistance et de l’après….d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie. Histoire qui avait été écrite récemment par son petit-neveu Geoffroy d’Astier de la Vigerie dans un livre paru aux Editions France – Empire en 2010 : « Emmanuel d’Astier de la Vigerie, combattant de la Résistance et de la Liberté 1940-1944 ».