Le Réseau Bucephale

Par Rémi Kauffer   Auteur : Rémi Kauffer    Éditions : Éditions Seuil 2006

S’il est vrai que l’histoire dépasse toujours la fiction ….Ce roman sur la Résistance vient de manière surprenante et souvent haletante relayer l’histoire de ces femmes et de ces hommes qui venus de tous les horizons se levèrent contre l’occupant nazi.

Le réseau « Bucéphale » n’a jamais existé, ses chefs Hélène La Granière et Vincent Noirot non plus et pourtant Rémi Kauffer, auteur de cette fiction plonge, au travers de leurs aventures et de leur parcours à la tête de cette organisation, le lecteur dans le « Monde résistant », avec ses ambiguïtés et ses paradoxes. Hélène La Granière, veuve d’un capitaine admirateur de Maurras et « abonné » à la Cagoule tué devant les Allemands en juin 1940, rencontre après la défaite Vincent Noirot, un ancien de la rue d’Ulm plutôt pacifiste et républicain, qui fut camarade de combat du capitaine et qui assista à sa mort. Les deux personnages principaux du roman, qui appartiennent à deux mondes que tout oppose vont créer un mouvement de Résistance avec ses réseaux de renseignements et son journal clandestin. Si tous les personnages de ce roman sont bien entendu fictifs, même si au travers d’Hélène on ne peut s’empêcher de penser à « Marie Madeleine Fourcade » ils croisent toutes les grandes figures de la Résistance de De Gaulle à Jean Moulin de Pierre Brossolette à Passy et aussi ceux des personnages moins reluisant de Barbie et des « pensionnaires » de la rue Lauriston. Rémi Kauffer au travers de ce roman revisite les arcanes de la Résistance, les rivalités entre le B.C.R.A. et les services secrets anglais, les dissensions entre gaullistes et giraudistes, le jeu des communistes et les malheureuses affaires de trahisons qui entraînaient arrestations, tortures et déportation. Certes l’histoire de ces deux héros est imaginaire mais avec eux l’auteur fait revivre la Résistance au quotidien avec l’angoisse des rendez-vous secrets, l attente interminable dans le froid du bateau ou de l’avion qui apporte le courrier et permet de rejoindre dans la nuit la Grande-Bretagne. On y croise aussi bien sûr les grandeurs et les petitesses des femmes et des hommes qui préparaient les lendemains de la Libération qui enchantèrent les uns et décevront les autres. S’il est parfois un peu difficile au fil des pages de suivre tous les personnages de cette fiction, c’est on peut le penser une peinture réaliste de ce que fut la vie au jour le jour des résistants. Le choix qu’a fait Rémi Kauffer d’avoir mis en scène deux héros aux cultures opposées n’est pas innocent et s’il ajoute « du piment » au roman, il montre aussi que l’une des grandes forces de la Résistance fut son œcuménisme.