Le cahier rouge du maquis (Journal de Résistance)

Par Gleb Sivirine   Auteur : Gleb Sivirine    Éditions : Editions Parole - Collection Biface – 2007 -

Le journal que Gleb Sivirine dit -Vallier dans la Résistance – a tenu pendant 185 jours, qu’il appelait « le cahier rouge du maquis », vient d’être publié aux Editions Parole. Cet écrit est la relation au quotidien de la vie d’un maquis, commandé par un chef «  respirant la vérité et l’honnêteté », un portrait tendre et touchant que l’on doit à ses enfants complète heureusement ce livre sorti en 2007. Les témoignages de quelques uns de ses compagnons et l’histoire de ce maquis, résumée et replacée dans la cadre de la Résistance et de la Libération de la Provence, écrite par Jean-Marie Guillon, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Provence (Aix-Marseille I) rendent passionnant cet ouvrage.

Gleb Sivirine est né d’une famille de marins en 1910 à Odessa le grand port d’Ukraine sur la Mer Noire qu’il quitte avec ses parents, fuyant la guerre civile pour arriver en France, à Marseille, en 1920. Après une adolescence très dure, la mort de son père ayant laissé sa famille sans ressource, « Patou » – c’est le tendre surnom dont le qualifie ses enfants sera successivement ingénieur, épris de littérature, puis professeur épanoui et « resté russe jusqu’au bout ». En 1936 il épouse Mireille « un cristal »  avec qui il formera un couple indéfectible. Après avoir participé à la campagne des Alpes en 1940, il entre dans un réseau de Résistance de la  France Combattante, puis prendra la tête d’un maquis dans le Haut – Var. Il terminera la guerre comme officier d’artillerie dans la 1ère Division Française libre participant aux combats de la poche de Royan, d’Alsace et à la bataille de l’Authion au-dessus de Nice.

Ce « Cahier rouge » fut, sans aucun doute, pour le Lieutenant Vallier, un refuge, un confident, « un moment de vrai liberté » auquel il confiait ses joies et ses angoisses, comme un dialogue permanent avec sa famille dont il était éloigné. Ce « Cahier rouge » qui vient d’être publié, c’est à la fois son originalité et son intérêt, est un journal « à deux voix » : celle irremplaçable du témoin Gelb Sivirine « Vallier » et celle de l’historien Jean-Marie Guillon qui par les annotations contextualise ce maquis dans l’organisation de la Résistance du Var et plus largement dans cette Résistance née « à la périphérie » et qui progressivement aidera à la libération de la France. Le journal commence en février 1944 et montre dans sa quotidienneté, comment d’un « maquis refuge » son chef en fera « un maquis de combattants » malgré les difficultés d’approvisionnement – ce tabac qui n’arrive pas !– les parachutages insuffisants, le manque d’armes et de moyens, la cohabitation des hommes parfois difficiles avec la répression de l’occupant et de Vichy et « …cette impression d’insécurité constante, de sensation de bête traquée. » Après des semaines éprouvantes pour son chef et ses hommes, traduites dans une belle écriture, les « combattants du maquis Vallier » libéreront la presqu’île de Giens et y recevront la reddition de la garnison allemande avant de poursuivre avec l’Armée B du général de Lattre de Tassigny la guerre jusqu’au cœur de l’Allemagne.

Merci à Claude et Jean-Michel ses enfants, d’avoir publié ce très beau témoignage vivant et réaliste, qui éclaire aujourd’hui le lecteur sur la vie d’un maquis.