Larminat – Un fidèle hors série

Par collectif d’historiens, sous l’égide de la Fondation de Gaulle   Auteur : collectif d’historiens, sous l’égide de la Fondation de Gaulle    Éditions : Éditions LBM - 2008 -

Cet ouvrage est la première biographie écrite sur le général de Larminat. Les qualificatifs ne manquent pas pour résumer en quelques traits à la fois l’homme et le caractère de celui qui fut « l’un des tous premiers et des plus fidèles mousquetaires » du général de Gaulle, qui revit dans ce livre, publié aux Editions L.B.M., par la Fondation Charles de Gaulle et écrit par un collectif d’historiens sous la direction de Philippe Oulmont, directeur des études et des recherches au sein de cette Fondation. Sous le portrait de ses biographes, aux différentes étapes de sa vie apparaît la personnalité riche et diverse d’Edgard de Larminat, officier pas comme les autres, qui n’avait rien d’un godillot, non-conformiste rebelle, impertinent et fantasque, combattant fin et cultivé, dont «  la fin tragique est, au fond, tout à fait à l’honneur de Larminat. Son geste est d’une extraordinaire abnégation vis-à-vis de De Gaulle et, pour moi, les deux hommes en sortent grandis », écrit dans la préface de ce livre, Etienne Burin des Roziers, secrétaire général de la présidence de la République du général de Gaulle.

Officier de la 3ème République, comme nombre de ses camarades, il est partout où l’on se bat. Jeune officier superbe au feu, il avait retenu de ces quatre années de front que la Grande Guerre avait été celle de la troupe, plus que celle de ses chefs sur lesquels il portait un jugement sévère. Seul un certain « non-conformiste génial », Jean-Baptiste Estienne – précurseur de l’arme blindée trouvait grâce à ses yeux. Juin 1940 de Larminat au Levant « entre en dissidence pour venger et effacer notre défaite », rejoint de Gaulle et avec Catroux participe à la mise sur pied de la 1ère DFL plus à l’aise dans les questions militaires que dans le débat politique. Haut-commissaire en Afrique française libre de août 40 à juillet 41, dans cette épopée l’homme de guerre y trouvera des responsabilités, une relation dynamique et confiante avec ses compagnons et le Chef de la France Libre, le temps aussi d’un apprentissage politique. Si la participation d’Edgard de Larminat à la campagne d’Italie fut pour le moins éphémère il sut y développer des qualités stratégiques et concilier « le gaullisme combattant » dans cette armée d’Afrique que fut celle de Juin. Après le débarquement en août 1944 en Provence Larminat souffrira de sa mésentente avec le général de Lattre et surtout d’avoir été privé de l’honneur de conduire jusqu’au-delà du Rhin son 2ème corps d’Armée. En octobre 1944 il assure (jusqu’en juin 1945) le commandement du Front de l’Ouest, c’est-à-dire les réduits conservés par les Allemands sur le littoral Atlantique. Ce général « non-conformiste » saura relever le défi de transformer « l’armée des oubliés de l’Atlantique » en de solides régiments. Quelques années après la guerre, à l’inverse de presque tous ses pairs il s’engagera à soutenir l’idée d’une armée européenne – la Communauté européenne de défense (la CED). Le fait-il par fidélité à son ami René Pleven ? Ou par la vision d’un nouveau creuset patriotique européen ? Malheureusement pour lui, il perdra, amèrement, contre les gaullistes cette dernière bataille. Président de l’Association des Français Libres, il sera le gardien vigilant de la mémoire de ceux qui s’engagèrent aux côtés du général et aussi l’organisateur de leur solidarité. Dans ses écrits « Chroniques irrévérencieuses » – témoignage haut en couleur – s’il règle quelques comptes, « ce gentilhomme européen, par forcément un modèle de tous repos.. » consacre de vibrants éloges aux hommes qu’ils l’accompagnèrent dans ses épopées. C’est une figure très noble et très attachante qui apparaît au travers de ces multiples contributions, figure aussi un peu décalée par la complexité d’un personnage si fidèle et si pur !