L’Argent de la Résistance

Par Jean-Marc Binot & Bernard Boyer   Auteur : Jean-Marc Binot & Bernard Boyer    Éditions : Éditions Larousse 2010

« L’argent de la Résistance » a été un sujet assez peu étudié, voir méconnu et pourtant ! « Les problèmes financiers  », ont été pour la Résistance, suivant le mot de Claude Bourdet, que cite dans leur avant propos Jean Marc Binot et Bernanrd Boyer les auteurs de cet ouvrage, « … le problème financier était l’un des plus épineux ». Comment vivaient au quotidien les femmes et les hommes de l’armée des ombres, qui finançait les mouvements et les réseaux de Résistance ? C’est ce pan négligé de l’histoire de la résistance que nous font découvrir les auteurs de ce livre : « L’argent de la Résistance » qui vient de paraître aux éditions Larousse. L’argent fut l’un des nerfs de la guerre de ce combat de l’ombre, permettant de diffuser une presse libre, de faciliter les passages vers l’Angleterre, vers l’Espagne ou les évasions des prisons, de faire vivre les maquis, voir de soudoyer l’occupant et ses séides. Au tout début du combat clandestin pour se procurer des fonds les Résistants, qui étaient dans leur grande majorité de courageux bénévoles, firent appel au système D, au lieu et place de bailleurs de fonds au demeurant peu nombreux. Puis, progressivement, la France Libre leur apporta une aide précieuse, mais dont les aléas liés à la distribution chaotique et dangereuse des fonds, engendrèrent amertumes et frustrations chez ces combattants de l’ombre. Les Anglais et les Américains qui disposaient de moyens financiers, sans commune mesure avec ceux de la France Libre, offrir parfois leur prodigalité, à quelques mouvements et réseaux de Résistance au grand dam des gaullistes, déclenchant ainsi des tensions politiques en particulier entre Jean Moulin et Fresnay. Les multiples exemples chiffrés que donnent dans leur livre les auteurs permettent de découvrir non seulement le coût de cette vie clandestine, les difficultés de l’acheminement et de la répartition de « l’Argent » avec en toile de fonds les inévitables brouilles et jalousies et le double combat que menait les Résistants à la fois contre l’occupant et dans la quotidienneté de leur vie pour leurs besoins. La crainte du C.F.L.N de manquer de liquidité l’amena à demander aux mouvements de Résistance qu’ils sollicitent, en France, à des « négociants amis » des emprunts à faible taux d’intérêts remboursables à la Libération. L’émission et la vente de bons du trésor, avec l’aval d’Alger, furent aussi l’un des instruments de financement, mais fort complexe, de l’armée des ombres. A partir de 1943 les besoins de la Résistance française furent très importants, entre autre avec les maquis gonflés par les réfractaires au STO et malgré leurs efforts, Londres et Alger « n’apportèrent qu’un simple baume à la détresse financière de la Résistance ». Dans l’été incertain de la Libération, pour quelques « indisciplinés de la résistance » la tentation sera forte de faire payer « les collabos » ou le faire justice soi-même en se tournant vers des « hold up dit patriotiques » sur les banques et ou les bureaux de réception. A la Libération une partie des fonds provenant de cette « époque déraisonnable » verra ses justificatifs contestés. Le temps des règlements de compte venu, ajouté au climat social de l’après guerre et à celui de la guerre froide, naîtront des polémiques qui auront tendances à jeter l’opprobre « sur l’ensemble du financement de la Résistance », alors que ce livre démontre que l’intégrité de la majorité des Résistants a été incontestable. Merci à Jean-Marc Binot et à Bernard Boyer pour cet ouvrage qui avec ses données précises et objectives prises aux meilleures sources, dévoile une part méconnue « de l’histoire de la France combattante qui apparaît ici en pleine lumière ».