La Mode sous l’occupation

Par Dominique Veillon Directrice Honoraire au CNRS   Auteur : Dominique Veillon Directrice Honoraire au CNRS    Éditions : Editions Petite Bibiothèque Payot

Après lecture du livre de Madame Dominique Veillon, Historienne, Directrice de Recherche Honoraire au CNRS « La Mode sous l’Occupation » Editions Petite Bibliothèque Payot 2014, nous pouvons en résumer quelques traits notamment la façon de s’habiller chez les enfants, les hommes et les femmes avec la création le 1er juillet 1941 d’une carte de vêtements et toutes les restrictions que celle-ci pouvait entraîner. Nous pouvons évoquer également la mode des chapeaux ainsi que l’utilisation de la bicyclette pour les déplacements.

Effectivement une carte de vêtements est mise en circulation le 1er juillet 1941 restreignant en échange de points l’obtention de robes, de blouses, de pantalons, de chemises de jour, d’imperméables, de manteaux.

Ainsi une ménagère à domicile va confectionner une jupe taillée dans un pantalon d’homme usagé et un gilet tricoté à partir de laines récupérées. Pour une employée de bureau qui doit soigner sa mise elle portera une jupe noire et des chandails sport, un foulard confectionné à partir de deux pochettes en soie apportera un peu d’élégance. Une jeune étudiante procèdera à des échanges par exemple deux costumes trop courts contre un tailleur neuf de teinte neutre et avec les points elle se procurera une jupe culotte pour ses déplacements à vélo.

Dès le printemps 1941 avec l’usure des bas et leur non renouvellement de nouvelles teintures apparaissent pour colorer les jambes et dessiner un trait la couture sur les mollets : cela s’intitule « la naissance du bas de soie artificiel » et les couturiers ou les magazines de mode expliquent comment se procurer la teinture, bien souvent une poudre à délayer dans de l’eau tiède.

A partir de 1942 les magazines indiquent de nombreuses astuces aux femmes pour rester élégantes. Elles confectionnent ainsi des robes et des manteaux avec des tissus différents : cette trouvaille est appelée « la robe mille morceaux ». Une rédactrice s’est confectionné un vêtement trois quart sport avec une couverture de voyage. Du tissu d’ameublement sert à confectionner un ensemble complet tailleur, gilet et chaussures.

Les ménagères utilisent pour leurs enfants benjamins les vêtements des ainés ainsi un pantalon est transformé en short. Les coloris sont sombres noir, marron, bleu marine. Il est possible d’obtenir grâce à des bons de laine des pelotes couleur kaki ou noir pour la layette chez les nouveau-nés ; la laine rose, bleue ou claire est réservée aux Allemands. Les hommes sont habillés avec des tissus de récupération (ameublement ou anciens vêtements). Un système d’échanges est institué.

Concernant les chaussures celles-ci sont fabriquées en raphia, feutre, paille tressée avec une semelle en bois ou en liège : les galoches sorte de bottines montantes avec une semelle de bois très bruyante pour courir. Pour les déplacements les vélos sont largement utilisés. Là aussi une pénurie de caoutchouc et de pneu les transforme avec l’utilisation de morceaux de liège autour des roues.

Entre 1940 et 1944 le mode des chapeaux se développe dans les formes et les coloris avec des matériaux divers, tulle, voilettes, dentelle, plumes, fleurs artificielles, gros grain, ruban, feutre, paille, copeaux de bois et de nouvelles idées avec parfois des formes inattendues. De nombreuses femmes telles que Simone de Beauvoir portent un turban facile à confectionner avec un foulard. Ainsi les femmes expriment leur coquetterie dans le chapeau indispensable au bien séant.

Devant la pénurie les tissus en fibres artificielles ou ersatz telles que la rayonne et la fibranne font leur apparition dès 1941. Lors d’une exposition au Petit Palais en juin 1941, même l’uniforme de la Croix-Rouge confectionné tout en fibranne est présenté. Ces matières donneront lieu après la guerre à des créations nouvelles telles que le nylon

En conclusion malgré les restrictions les femmes veulent garder le gout de vivre et une forme de résistance en montrant qu’elles peuvent rester coquettes. Les matériaux abordables et de substitution donnent lieu à de nombreuses fantaisies. Certains magazines tels le Petit Echo de la Mode qui est de nouveau autorisé à reparaître en août 1940 tout en conservant sa neutralité apportent aide et réconfort aux femmes dans leurs problèmes quotidiens par des conseils pratiques (système D).

 

Brigitte Atlan