GUILLEMOT Gisèle

Auteur de la fiche : Franck Lermier, Enseignant à l'Ecole Victor-Hugo, Colombelles et Archives départementales du Calvados

Gisèle GUILLEMOT

Gisèle Guillemot est née le 24 février 1922 à Mondeville (Calvados) d’une mère normande et d’un père italien. Elle vit alors dans la cité ouvrière du Plateau de Mondeville-Colombelles-Giberville au pied de l’usine métallurgique, la S.M.N., où son beau-père est comptable.

Rebelle à l’ordre établi et au système paternaliste et hiérarchique de la S.M.N., révoltée contre les inégalités sociales, elle est renvoyée de lécole du Plateau et poursuit sa scolarité à l’école primaire puis au cours complémentaire Henri Sellier de Colombelles. Là, elle est profondément marquée par l’enseignement d’un couple d’instituteurs militants de la pédagogie Freinet, M. et Mme Porquiet : grâce à eux elle apprend à « penser », elle découvre avec passion la littérature, le théâtre, la poésie et l’écriture.

Quoique jeune, elle participe aux mouvements sociaux de 1936 et du Front Populaire ainsi qu’à des actions de soutien à la République espagnole.

Dès le début de l’occupation, à l’été 1940, elle entre en résistance avec des copains du Plateau. Des membres du réseau sont arrêtés par les gendarmes français de Colombelles qui les livrent aux Allemands. Sur six membres, quatre seront fusillés ou tués, lors d’affrontements, par les nazis.

Gisèle adhère au Parti Communiste, alors illégal, et continue au sein du Front National (mouvement de résistance communiste) pour l’Indépendance de la France. Agent de liaison, sous le pseudonyme d’Annick, elle est arrêtée par la Gestapo le 9 avril 1943 en même temps que ses camarades arrêtés par la Brigade Spéciale de Rouen (police française). Emprisonnés à Caen puis transférés à Fresnes, ils y seront jugés par le Tribunal Spécial de Lübeck. Condamnés à mort le 13 juillet 1943, les quatorze hommes sont fusillés au Mont-Valérien. Les femmes, Gisèle et Edmone Robert – institutrice à St-Aubin-sur-Algot -, elles aussi condamnées à mort, sont classées « Nacht und Nebel » et sont déportées en Allemagne vers les prisons de Lübeck et Cottbus, au cours d’un incroyable périple ferroviaire de 89 jours à travers l’Allemagne et la Pologne en passant par Dantzig. A l’automne 1944, elle est transférée  au camp de Ravensbrück puis, en mars 1945, à Mauthausen où elle est libérée le 20 avril 1945 par la Croix Rouge Internationale.

C’est en prison et dans les camps qu’elle écrit, clandestinement bien sûr, la plupart de ses poèmes dont elle accepte de publier certains aujourd’hui. De retour sur le Plateau, la disparition de ses camarades et lincompréhension générale – qu’à l’instar des autres survivants des camps elle ressent – la décident à quitter la région pour vivre à Paris où elle peut rencontrer danciens déportés. Elle a deux filles. Elle poursuit son engagement politique avec le PCF quelle quittera par la suite, lutte contre la guerre en Algérie et milite aussi au sein de la Fédération Nationale des Déportés Internés et Résistants Patriotes, rédigeant de nombreux articles dans son journal Le Patriote Résistant.

Gisèle Guillemot est Commandeur de la Légion dHonneur.

Depuis les années 1980, en réaction aux falsificateurs et aux négationnistes, elle sort de son silence et sillonne la France, pour témoigner auprès des scolaires en particulier. En juin 1995, sur le Plateau à Colombelles, elle inaugure avec Carlo Scola, seul survivant avec elle du petit groupe du Plateau, une plaque commémorative à la mémoire de leurs quatre camarades assassinés. En 2001, elle publie, chez L’Harmattan, (Entre parenthèses) De Colombelles à Mauthausen, récit de ses souvenirs, qui obtient le prix 2002 de sociologie et d’histoire de l’Académie Française ainsi que le prix du Comité Action Résistance.

Gisèle Guillemot a été faite Citoyenne d’Honneur de la ville de Colombelles en 2002.

En 2003, elle inaugure, au collège Henri Sellier de Colombelles – dont elle fut l’élève 60 ans auparavant – la salle de documentation qui s’appelle désormais : « Salle Gisèle Guillemot ».


Découvrez ici « A ma mère », le poème rédigée par Gisèle Guillemot en juillet 1943 pendant qu’elle était emprisonnée à Fresnes