RICHET Claire

Alibi

Auteur de la fiche : Marc Fineltin : Ces quelques mots du parcours en Résistance d’Ernest, Léa et Paul COUSSERAN et Claire RICHET sont tirés du livre d’Alain VINCENOT « La France Résistante Histoires de Héros ordinaires » - paru en janvier 2004 aux Éditions des Syrtes

Claire RICHET

Née 1er mars 1920 à Uzerche en Corrèze.

Ses parents étaient enseignants Son père Ernest COUSSERAN était Franc-maçon au Grand Orient de France, son épouse Léa se voit également écartée de l’éducation nationale avec Claire et son frère Paul, les quatre  COUSSERAN n’ont plus pour ressources que la pension du grand père.

Les jeunes prennent des emplois pour que la famille survive.

Tous les 4 entrent en Résistance tout naturellement, en intégrant le réseau Alibi de Georges CHARAUDEAU, mis en place par l’Intelligence Service. Sa vocation c’est le domaine militaire, repérage des unités allemandes, évaluations de leurs effectifs, de leur matériel, observation de leurs déplacements, identification de leurs collaborateurs et des résistants retournés par la gestapo. En revanche, ni sabotage, ni coup de main armée, ni libération de prisonniers, car de telle mission risqueraient de le faire sortir de l’ombre.

Jusqu’en septembre 1944, Alibi ne cessera de transmettre des informations à l’état major allié.

Claire est agent de liaison et boite à lettres. Elle se déplace à bicyclette. « Jamais nous n’avons eu d’armes, j’en ai transporté qu’une seule fois dans mes sacoches, entre le Mont d’Or et Clermont-Ferrand, j’était avec un certain Henri BLANC, nous les avions recouvertes de muguet ».

Grâce à un de ses anciens élèves, employé à la Préfecture, Ernest COUSSERAN, obtient des faux papiers pour le réseau.

Peu après l’arrestation de Paul, Ernest échappe de peu à la gestapo. Léa et lui partent se mettre à l’abri à Caussade chez le facteur ABAT. Claire assure l’intérim.

Autre source sur le réseau Alibi

Alibi 1940 – 1944 Histoire d’un réseau de renseignement pendant la seconde guerre mondiale.  par Sylvaine Baehrel
Paris, Edition Jean-Michel Place., 214 pages

Paul Cousseran, le réseau Alibi
Le réseau de renseignement Alibi, auquel appartenait notre camarade Paul Cousseran a été créé en juillet 1940 par Georges Charaudeau qui l’a dirigé sans interruption jusqu’à fin septembre 1944. Cette organisation agissait en dehors des mouvements de résistance, en liaison étroite avec les services de renseignements alliés et notamment les M 5 et M 6 britanniques.
Les 423 membres du réseau savaient, qu’en cas d’arrestation, l’accusation d’espionnage les conduisait au poteau d’exécution. Ils devaient se consacrer uniquement à la mission qui leur était assignée et ne devaient en aucun cas exercer simultanément des activités de propagande et d’action dans la Résistance.
44 furent arrêtés, 21 déportés (dont 5 décédèrent dans les camps), et 10 furent fusillés, 4 membres furent décorés de la Légion d’honneur, mais son chef n’a jamais accédé au grade de commandeur (écho des querelles opposant le BCRA aux services britanniques). 53 agents d’Alibi se sont vus attribuer la Croix de Guerre et 53 également, la Médaille de la Résistance. Georges Charaudeau fut aussi décoré du distinguished service order et deux autres membres du réseau reçurent la military cross et la king’s medal for courage.

Quelles étaient les missions de ce réseau ?
1 – Le renseignement militaire. Un pilote d’essai français employé par les Allemands pu fournir tous les plans d’un nouvel avion Heinkel 111, en construction à Francezal et le plan des usines. Le fournisseur de l’intendance allemande en fruits et légumes pour 8 départements du Sud-Ouest, communiquait deux fois par semaine, les spécifications des commandes, permettant ainsi de déduire l’ordre de bataille dans la zone.
2 – Le renseignement industriel. Les agents de la SNCF relevaient le chargement et la destination des trains utilisés par les autorités allemandes. De même des municipalités fournissaient des spécimens de cartes et des tickets de rationnement dont Londres réalisait de  » vraies copies  »
3 – Le renseignement politique. Un membre du réseau ayant des contacts au sein du gouvernement de Vichy a pu se procurer et envoyer à Londres copie de toute une correspondance entre Pétain et Hitler, entre Otto Abetz et Laval.

Qui était Georges Charaudeau (1908-1990) ?
Durant l’entre deux guerres son cheminement intellectuel et sa pratique religieuse le conduisent à côtoyer les futurs démocrates chrétiens, tout en conservant des liens assez étroits avec la droite et l’extrême droite. Alors qu’il travaille avec son père dans une entreprise alimentaire, il est envoyé en Espagne en 1936, par les services de renseignements français et c’est à cause de cette mission qu’il entre en contact avec l’Intelligence Service. Après l’Armistice il décide de gagner Londres en passant par l’Espagne, mais les agents britanniques qu’il rencontre lui proposent de créer un réseau de renseignement implanté à Madrid en profitant des relations que lui procure la couverture de la maison de Haute Couture de son épouse. En mai 1942, sous la pression des services allemands, un mandat d’arrêt est lancé contre lui sous l’inculpation  » d’agent de renseignement au service de nations étrangères n’ayant pas la même politique que l’Allemagne « . Il s’enfuit alors en France et implante son réseau en Auvergne, rayonnant sur l’ensemble du territoire.

C’est par l’entremise de son père que Paul Cousseran, jeune lycéen de 17 ans, entra dans le réseau en juillet 1943, après avoir participé à des actions de résistance avec ses camarades éclaireurs du lycée Thiers à Marseille. Il est chargé de recueillir des renseignements auprès des agents des PTT sur les défenses des aérodromes méridionaux et de mettre en place un système d’écoute des lignes téléphoniques allemandes.
Il tombe dans un traquenard à Nîmes, déporté au camp de Neuengamme il a la chance de revenir en juin 1945 auprès de sa famille.

Michel Ambault
administrateur de l’association  » Mémoire et Espoirs de la Résistance « 

Note: l’ouvrage, édité par l’Amicale du réseau Alibi, est actuellement épuisé.